Saison 2022 / 2023 du théâtre et de Bizarre !

Une nouvelle saison avec la volonté de diffuser une culture populaire auprès de tous les habitants

Jeudi soir, nous étions réunis pour la présentation de la saison 2022/2023 du @Théâtre de Vénissieux et de @bizarrevenissieux ! Ce qui est remarquable à l’aune de cette saison nouvelle, c’est la volonté de diffuser une culture populaire auprès de tous les habitants et, à travers l’ensemble de tous nos équipements, dans tous les quartiers. A Vénissieux, la culture ne se replie pas, elle se
déploie vers l’enfant, l’adulte, l’habitant.

Commençons par le bonheur des retrouvailles. Avec les artistes, les métiers de la création, le public vénissian, avec le retour du partage des émotions collectives. Après deux années de crise sanitaire, rien ne peut égaler la présence physique, les joies, les applaudissements, les échanges dans nos équipements culturels, aux Fêtes Escales. Oui, ces deux années ont été longues, mais pas stériles non plus, grâce à la réactivité de nos services pour faire vivre la culture coûte que coûte, en version numérique ou autres.

Mais là, aujourd’hui, nous sommes heureux d’être ensemble à l’occasion de la présentation de la saison 2022/2023 du Théâtre et de Bizarre ! Profitons de ce moment particulier pour nous poser aussi les bonnes questions : la pandémie a laissé des traces, des secteurs comme le cinéma ou les théâtres, peinent à retrouver les fréquentations passées partout en France.

Il nous faut donc ouvrir le débat, accompagner la création et surtout reconquérir un public que de nouvelles pratiques numériques ont éloigné des salles. De façon passagère ou durable ? Là est la question et elle est de taille, car chacun sait combien il est difficile de lutter contre les habitudes, qu’elles soient bonnes ou mauvaises.

Nous attendons beaucoup de cette saison 2022/2023. La précédente a été le moment de la reprise après deux années tronquées, même si 4 spectacles ont dû être annulés en raison du covid. Le public est revenu mais pas dans les mêmes proportions que lors de la saison 18/19 : environ 25% en moins pour la saison 21/22. Nous allons y travailler d’arrache-pied.

Depuis 6 ans et demi, le Théâtre de Vénissieux et Bizarre !, équipement culturel dédié à la culture Hip Hop, sont réunis au sein de la même structure : La Machinerie, avec une équipe commune. En 2019, La Machinerie – Vénissieux a été labellisée Scène conventionnée d’Intérêt National par le Ministère de la Culture. Cette convention a été signée par le Ministère de la Culture, la Région Auvergne-Rhône-Alpes, la Ville de Vénissieux et La Machinerie. C’est une vraie reconnaissance à la fois du travail réalisé par les équipements et de l’implication de la Ville pour soutenir une politique culturelle d’envergure.

Je voudrais féliciter les hommes et les femmes à la tâche, chacun de vous, pour la réalisation des missions qui vous incombent : servir la culture, épauler les artistes et les jeunes talents, rassembler les Vénissians.

Il y a le théâtre et Bizarre, deux mondes proches mais singuliers, entre lesquels nous avons dressé des passerelles pour renforcer les synergies. Les deux équipements réunis offrent un large panel de propositions : spectacles, concerts, ateliers en milieu scolaire, ateliers pour le grand public. Ils ont également en commun l’accueil d’artistes en résidence (soutenus en cela par l’État et la Région), dans la perspective de les accompagner dans leur processus de création. Différents moyens techniques et financiers sont ainsi mis à leur disposition, afin que la création contemporaine puisse se renouveler et proposer des visions originales du monde contemporain, à tous les publics.

Cette saison, 9 créations seront accueillies au Théâtre, dont une pour le jeune public. Bizarre ! et le Théâtre proposent ensemble : l’accueil en résidence de Pockemon Crew (danse) qui travaillera à Bizarre ! et au Théâtre et proposera dans les deux équipements, des stages, des rencontres, des répétitions publiques. Pockemon Crew prépare une nouvelle création, Contrappunto, avec des danseurs de l’Opéra de Lyon, dans le cadre d’un partenariat avec l’Opéra. La compagnie va coordonner un temps fort dans le cadre du festival Fêtes Escales le 14 juillet prochain au soir : un « battle » international de danse hip hop auquel les Vénissianes et Vénissians sont invités. Sans oublier toutes les actions en milieu scolaire et pour le public hors scolaire : ateliers découverte, ateliers parents/enfants, etc…

Ce qui est remarquable à l’aune de cette saison nouvelle, c’est la volonté de diffuser une culture populaire auprès de tous les habitants et, à travers l’ensemble de tous nos équipements, dans tous les quartiers. A Vénissieux, la culture ne se replie pas, elle se déploie vers l’enfant, l’adulte, l’habitant. Elle tend la main, aussi bien dans ses spectacles que dans ses pratiques, en équilibre entre démocratisation et démocratie de la vie culturelle.

Le Théâtre s’inscrit dans cette dynamique d’accessibilité et de partage de l’art et la culture. La programmation 2022-2023 permet une découverte des esthétiques d’aujourd’hui : théâtre, musique, danse mais aussi cirque, arts mêlés… Tout cela donne envie, et l’envie est le moteur de toutes nos curiosités.

Que démontrent votre travail et votre engagement ? Que la culture est avant tout une aventure humaine, mais qu’elle est aussi une question de volonté politique. De l’État, pour imprimer l’ambition culturelle du pays, aux collectivités locales, pour la faire vivre au plus près des habitants, toutes les institutions de notre République doivent jouer le jeu. Sans esprit partisan.

Les artistes ne sont pas là dans le seul but de nous faire plaisir, mais aussi pour nous interroger, nous émouvoir.

Depuis des années, je déplore le manque d’ambition de l’État. Jusqu’à quand faut-il remonter pour trouver une vraie dynamique nationale ? Jack Lang, Jack Ralite ? Aujourd’hui, les dépenses culturelles des collectivités territoriales, évaluées à 8,7 milliards d’euros en 2017, représentent près de 2,5 fois le budget du ministère de la culture! Et dans cette organisation, les communes jouent un rôle central. En 2016, les dépenses culturelles étaient financées à hauteur de 58% par les communes, 20% par les intercommunalités, 14% par les départements et 8% par les régions.

Dans ce contexte, personne ne peut prendre en otage ce formidable vivier associatif. Couper les subventions comme le fait Laurent Wauquiez à la tête de la Région Auvergne-Rhône-Alpes, après deux années de crise sanitaire, va fragiliser encore plus l’ensemble du secteur. La perte est estimée à 4 millions d’euros de subventions pour près de 140 acteurs culturels ! Ces coupes arbitraires ressemblent à des sanctions et visent directement les métropoles opposées à la ligne politique du président de la Région : Lyon et Grenoble, touchées de plein fouet. Les baisses globales atteignent 22% dans la Métropole lyonnaise et en Isère. Les secteurs les plus touchés sont les festivals (-32% de subventions), le livre (-30%), les arts plastiques (-28%), la formation (-18%), le spectacle vivant (-16%).

A Vénissieux, La Machinerie perd ainsi 50 000€ soit une baisse de 40% de la subvention. L’annonce a été faite fin mai. Cette somme correspond en moyenne à 2 spectacles au Théâtre plus un concert à Bizarre.Ou encore à l’annulation de nombreuses actions en faveur des enfants et des jeunes en milieu scolaire. C’est aussi l’équivalent de plus d’un poste de permanent.

Le monde de la culture et de la création s’est mobilisé, mardi 7 juin, en manifestant au siège de la Région face à des coupes budgétaires incompréhensibles et un dialogue inexistant. C’est le cas des maires également, qui dénoncent cette politique clientéliste.

Au lieu de sanctionner la culture à des fins politiques, il faut au contraire l’aider, l’écouter pour qu’elle reste ce lieu de vie inégalable. C’est la raison pour laquelle notre ville a constitué dès le début de la pandémie une enveloppe de subventions exceptionnelles de 300 000€ pour l’ensemble des associations pénalisées par la crise sanitaire. Car oui, la culture est en danger, comme variable d’ajustement des politiques libérales.

Mais sans la création, quel rapport à l’autre, quel rapport à l’imaginaire collectif, quel rapport à nous-mêmes ?

Ce combat-là, il appartient à nous tous, à chaque citoyen à l’écoute du monde. Ce combat-là, c’est à nous de le mener, dans nos luttes, nos revendications, nos espoirs. Le présent et l’avenir de notre société, de sa cohésion, en dépendent.

Je vous remercie.

X