14 sept 2012 – Retrouvez l’intervention de Michèle PICARd à l’occasion de la réception en l’honneur des enseignants nouvellement nommés à Vénissieux
Beaucoup d’attentes, beaucoup d’espoirs, beaucoup d’urgences aussi, après des années de plomb et de destruction : c’est ainsi que se présente pour l’Éducation nationale cette rentrée 2012. J’aimerais déjà, avec l’ensemble de l’équipe municipale, souhaiter la bienvenue aux 145 nouveaux enseignants, qui viennent d’intégrer les établissements scolaires de notre ville. Cette première rencontre est aussi l’occasion de vous présenter Vénissieux, ville populaire, industrielle et solidaire. J’ai envie de dire à ceux qui ne connaissent pas du tout la ville : oubliez tout ce que l’on vous a dit, oubliez les clichés, les préjugés, et vous découvrirez alors Vénissieux telle qu’elle est : une ville jeune, en plein essor, une ville singulière au cœur de l’agglomération lyonnaise.
La culture y est présente, avec la médiathèque Lucie Aubrac, le cinéma Gérard Philipe, le théâtre municipal, l’école de musique, les ateliers d’arts plastiques. Ville la mieux dotée de l’agglomération en nombre de m2 d’installations sportives par habitant, on peut aussi y cultiver autre chose que son esprit. Quartiers connectés entre eux, la ligne verte du tramway T4, le métro : les transports en commun de notre commune, en font une vraie porte d’entrée vers l’agglomération lyonnaise. Vénissieux reste donc une ville populaire, attachée à son patrimoine et à son histoire industriels, une ville qui connaît aussi des difficultés sociales, que la crise et le système économique ont accentuées, avec un taux de chômage des jeunes préoccupant, une pauvreté qui se féminise et se généralise.
Il reste beaucoup de travail à faire, mais notre commune est une commune en mouvement, une ville animée de projets porteurs : je vais vous en citer deux, qui vous concernent au premier plan. Deux chantiers clés viennent de démarrer, avec la reconstruction du lycée Jacques Brel (ouverture rentrée 2014), et le nouveau groupe scolaire Joliot-Curie (rentrée 2013), qui comprendra une école maternelle de 6 classes (contre 4 à l’heure actuelle), et une école élémentaire de 11 classes (contre 6 aujourd’hui), sans oublier un nouveau restaurant scolaire et une nouvelle maison de l’enfance.
Ces deux programmes donnent une idée de l’ambition et des actions menées par notre ville : oui, Vénissieux a fait de la jeunesse, de l’enfance et de la petite enfance, le pilier et la priorité de son contrat communal. Nous consacrons ainsi 27% de notre enveloppe budgétaire à l’Education, 15% au Sport et Jeunesse, 11% à la Culture. Derrière ces chiffres, il y a ce que j’appelle la force de l’éducation populaire, à savoir proposer un ensemble d’activités, d’accompagnements et d’initiations, aux enfants de Vénissieux, les entourer des mêmes possibles, des mêmes potentiels d’éveil et de curiosités. J’ai d’ailleurs tenu à ajouter cette année un ancrage à la citoyenneté, à travers la création d’un conseil municipal enfants, qui se réunira la première fois le 20 novembre prochain.
Il s’agit là encore, à une époque où les liens sociaux sont atomisés par le libéralisme et l’individualisme, de renforcer l’appartenance des enfants à la vie de leur quartier, de leur ville. Le sens de l’intérêt général, le respect des règles démocratiques, le passage de la réflexion à l’action, les débats contradictoires, cela s’apprend, cela se donne, cela se transmet. Au cœur d’une telle politique, vous ne serez pas étonnés des relations fortes, nouées par notre Ville, avec l’Éducation nationale et les parents.
Par des chemins différents, nous recherchons le même objectif : instruire et émanciper l’enfant, lutter de toutes nos forces contre les ségrégations territoriales, et l’effroyable « déterminisme social ». Voilà pourquoi nous mettons tout en œuvre, pour offrir les meilleures conditions d’apprentissage possibles aux enfants, et les meilleures conditions de travail possibles aux enseignants.
Bien sûr, les communes ne peuvent pas se substituer à la politique de terre brûlée menée par l’Etat depuis 10 ans, et accentuée, jusqu’à l’indécence et l’irresponsabilité, par Nicolas Sarkozy. Près de 80 000 postes supprimés en 5 ans, ça laisse des traces et de l’amertume.
Pour autant, nous n’avons jamais cessé de lutter, ici à Vénissieux, contre les classes surchargées, contre la non scolarisation des enfants de deux ans, contre l’affaiblissement de l’école publique, gratuite et laïque, contre la dévalorisation du métier et de la formation des enseignants, contre les non remplacements des enseignants en congé maladie.
Combats d’idées, combats contre vents et marées, qui trouvent un écho sur le terrain. Vénissieux, c’est une ATSEM par classe en maternelles. Vénissieux, ce sont des concertations permanentes avec les enseignants, les parents d’élèves, dans le cadre du Contrat Educatif Local.
Vénissieux, ce sont des interventions et des travaux permanents, réalisés cet été, dans les maisons de l’enfance, les restaurants scolaires, et les écoles de nos 20 groupes scolaires, pour un montant global de plus de 2 millions d’euros.
L’école publique n’est pas un secteur marchand. L’école publique n’a pas à être gérée comme une entreprise privée. L’école publique n’est pas un coût, mais un investissement. C’est cette page irresponsable que le nouveau ministre de l’Education, Vincent Peillon, doit définitivement tourner.
Les dix dernières années ont fait un mal fou, non seulement aux enseignants, mais aussi et surtout à notre jeunesse. Les dernières études de l’OCDE sont assez alarmantes à ce sujet : incapacité à lutter durablement contre le déterminisme social ; scolarisation en baisse des 15-19 ans ; élèves de 15 ans en difficulté scolaire qui passent de 15 à 20% en dix ans ; des décrochages scolaires estimés à 150 000 par an ; investissement de la France dans son école primaire de 15% inférieur à celui de la moyenne des pays de l’OCDE : bref, il y a urgence, urgence à agir, urgence à inverser cette tendance, urgence à remettre l’école publique au cœur du pacte républicain. Dans les faits, cette rentrée porte encore l’empreinte des politiques destructrices menées par Nicolas Sarkozy.
Malgré la création de 1 000 postes supplémentaires dans le primaire, mise en œuvre par Vincent Peillon, les effectifs de l’Éducation nationale restent déficitaires, à hauteur de moins 13 000 postes. Des mesures rapides et positives ont été prises, comme l’abrogation de la réforme de l’évaluation, ou la décharge de trois heures par semaine pour les professeurs débutants, afin de compléter leur formation, sans oublier les nouveaux recrutements dans les personnels scolaires. D’autres suivront avec les 6 000 emplois d’avenir professeurs, qui devraient avoir lieu entre 2013 et 2015.
Tout le monde espère que les promesses du candidat Hollande deviendront les actes du président Hollande, à savoir la création de 60 000 postes dans les cinq ans. D’autres grands chantiers vont s’ouvrir, comme l’école socle qui rapprochera la primaire du collège, et aussi la réforme des rythmes scolaires. J’aimerais conclure ce mot de bienvenue sur ce dernier point. Quand en moyenne, dans le primaire, les écoliers en Europe comptent 180 jours d’enseignement par an, les jeunes Français en ont 144.
D’où, pour ces derniers, des journées très lourdes, avec près de 6 heures de classe quotidiennes, ce qui fait beaucoup. Sur le fond, il me paraît logique d’ouvrir le débat et d’écouter les enseignants et spécialistes, sur les aménagements à opérer, pour que les enfants aient un rythme d’apprentissage équilibré. Mais dans cette concertation à venir, qui inclut les parents d’élèves et l’Éducation nationale, les communes doivent y être associées de près.
Passer de quatre jours par semaine à 4jours et demi, cela sous-entend une profonde réorganisation et un redéploiement des temps périscolaires. Qui va les prendre en charge ? Les villes ont-elles les moyens financiers, à l’heure où le gouvernement annonce à nouveau le gel des dotations pour les collectivités, d’absorber de nouvelles charges sans contrepartie de l’Etat ? Cette question aussi mérite d’être posée.
L’école publique que nous aimons est à un tournant. Vous en êtes les précieux acteurs, et c’est la raison pour laquelle, la ville de Vénissieux et ses services, qui seront à votre écoute, sont heureux de vous accueillir parmi nous. Notre ville, je vous l’ai dit, avance et se transforme, mais elle connaît aussi des difficultés, à l’image du chômage des jeunes bien trop élevé.
J’espère que vous vous y attacherez et nous avons organisé, à ce titre, une balade urbaine le 18 septembre prochain, pour vous aider à découvrir Vénissieux dans son ensemble.
Je vous souhaite une très bonne année professionnelle, au plus près des enfants et jeunes vénissians.
Je vous remercie.