Rassemblement pour une autre politique du logement

… »Pour des logements accessibles, nous devons renforcer les logements conventionnés de qualité, tout en diversifiant l’offre. »…

L’édition 2019 du festival international du logement social, avait pour objectif de souligner l’importance de l’accès à un logement décent pour tous, et la longue tradition d’habitat social, public et coopératif, qui doit jouer un rôle central, dans la résolution des enjeux présents et à venir.

Je partage complètement cet objectif. Mais on est encore très loin du compte, et les attaques contre le logement social en France, sont sans précédents.

La situation ne cesse de s’aggraver depuis une trentaine d’années :

  • Dans son dernier rapport, la fondation de l’abbé Pierre, estime à 700 000, le nombre de personnes sans abri dans l’Union européenne, soit une hausse de 70% en dix ans.
  • En avril dernier, l’ONU a dressé un bilan très sévère, concernant les mal-logés et sans logis en France. Je cite son rapporteur «  sur cette terre d’abondance, sixième puissance économique du monde, j’ai vu beaucoup de souffrance ».

Ce droit d’accéder à un logement, pourtant inscrit dans notre Constitution, est de plus en plus remis en cause :

  • 15 millions de personnes sont touchées par la crise du logement
  • 1 million sont privées de logement personnel
  • 143 000 sont sans toit, et parmi eux, 31 000 enfants.
  • Faute de solutions, plus d’un million de personnes sont contraintes de vivre, dans des conditions d’habitat dangereuses et indignes.
  • Les marchands de sommeil prospèrent, et la spéculation immobilière et foncière, bat son plein.

Des millions de personnes n’ont plus les moyens financiers de se loger.

Pour certains ménages, le poids du loyer et des factures d’énergie peuvent représenter 50% des revenus.

Les offices HLM « Habitation à Loyer Modéré », sont une spécificité française, qui jouent un rôle essentiel, pour répondre à la plupart des besoins de logement.

Je rappelle qu’en France, 70% des ménages sont éligibles au logement locatif social.

Avec la loi Elan, jamais le logement social n’a été aussi menacé.

Les bailleurs sociaux sont ponctionnés.

La baisse annoncée de 30 à 40% de production de logements, pour les prochaines années, auront un impact direct pour tous ceux qui ont des difficultés à se loger.

Et pour les locataires, c’est l’entretien du patrimoine qui sera impacté.

Cette loi remet en question la loi SRU en repoussant l’objectif de construction de 25% de logements sociaux de 2025 à 2031.

En ma qualité de maire, je côtoie chaque jour, les difficultés des habitants pour trouver à se loger :

  • Des attentes qui peuvent durer 2 voire 3 ans.
  • Des vies en suspens, des cohabitations difficiles, faute d’avoir son propre appartement…
  • Des personnes obligées de dormir dans leur voiture, et pour lesquelles les services de la ville, ont toutes les peines du monde, à trouver des places d’hébergement d’urgence.

Si chaque année, je prends des arrêtés pour obliger l’Etat à reloger les Vénissians avant toute expulsion, c’est pour que cette détresse soit entendue, et pour tenter de trouver une brèche pour faire évoluer la jurisprudence.

Un combat politique et juridique, que je mène depuis 10 ans. Pour interpeller les pouvoirs publics. Pour créer une prise de conscience collective. En 2017, 15 600 ménages ont été expulsés de leur logement (un chiffre en augmentation de 106%, en quinze ans).

Les politiques menées par les gouvernements successifs sont un échec. Tous ont réduits les financements pour la construction de logement social.

Le Fonds de Solidarité pour le Logement (FSL), institué par la loi Besson, ne suffit plus à répondre à la hausse des demandes de soutien financier.

Le Fonds national d’aide à la pierre se réduit à peau de chagrin.

Le 1% logement atteint maintenant 0,45%.

La loi DALO, fortement mise à mal : 55 000 ménages reconnus prioritaires, sont toujours en attente d’un logement, depuis 1 à 8 ans.

Le plan quinquennal pour le logement d’abord, et la lutte contre le sans-abrisme 2018/2022, prévoit la construction de 40 000 logements très sociaux par an.

Mais dans le même temps, le gouvernement met à mal les finances des bailleurs sociaux, en réduisant leur capacité à investir pour construire.

Sur la métropole lyonnaise

  • Les demandes de logements sont en hausse constante : 65 000 pour 11 000 attributions.
  • Les délais d’attente deviennent insupportables,
  • La ségrégation territoriale s’aggrave et les hébergements d’urgence sont débordés. Et dans le même temps, 7 communes ne respectent pas la loi SRU, pour la construction de logements sociaux.
  • Les logements « abordables », ne représentent que 15% des logements neufs de la Métropole.

Sur les secteurs en politique de la ville, on interdit la reconstruction des logements démolis, alors qu’une grande partie des habitants, veulent rester dans leur quartier.

A Vénissieux, pour répondre aux besoins de la population, nous proposons une diversité de logements et de parcours résidentiels.

Si les actions des communes, et de leurs partenaires, peuvent améliorer la situation, c’est un véritable changement de politique que nous devons réaliser, pour répondre à l’urgence sociale.

Ce doit être une priorité et une urgence nationale.

La métropole peut et doit y prendre toute sa part. Avec un projet métropolitain ambitieux, qui fixera des objectifs, pour réduire de moitié les listes d’attente en dix ans.

Pour une politique de logement renforcée, et financée par un prélèvement sur les marges foncières, et un doublement de la taxe d’aménagement, qui permettra une accélération de la réhabilitation et de la construction, dans toute l’agglomération, de logements sociaux et très sociaux, et, dans les quartiers prioritaires, le renouvellement du parc social.

Nous pouvons opérer un rééquilibrage territorial, avec la construction de 8000 logements sociaux par an, réparti sur l’ensemble des communes, avec une part minimale de 25%, en 2025.

Pour des logements accessibles, nous devons renforcer les logements conventionnés de qualité, tout en diversifiant l’offre.

Le partenariat au sein des instances locales de l’habitat, doit être consolidé, pour travailler sur les situations d’urgence, les publics prioritaires, et les besoins d’accompagnement, tout en assurant la transparence nécessaire, sur l’accueil des publics prioritaires.

Nous devons apporter des réponses dignes, pour l’accueil et l’hébergement d’urgence, avec pour objectif « zéro personne à la rue ».

Cette ambition pour un logement pour tous, nécessite des financements à la hauteur des besoins.

Avec un retour au 1% logement pour une véritable aide à la pierre qui mobilise l’Etat et les entreprises.

Les bénéficiaires des rentes foncières et des niches fiscales de l’immobilier doivent être mis à contribution. Cela représente 18 milliards par an.

Le parc privé locatif doit aussi jouer un rôle social, notamment au travers du conventionnement.

Toutes les politiques publiques du logement, doivent converger vers un seul objectif, le droit à un logement digne pour tous.

Cela passe par la création d’un véritable service public national du logement, qui prenne à bras le corps toutes ces questions, pour faire du logement, une priorité nationale.

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