Rafle du Vel d’Hiv

Nous marquons ces 16 et 17 juillet les 80 ans des rafles du Vel d’Hiv, une tache indélébile dans l’histoire de notre pays.

Irréparable est le mot. Après des lois scélérates et réactionnaires à l’égard des femmes, puis de premières déportations en 1941, Pétain, Laval et Bousquet allaient engager la France dans l’abject et l’ignoble en participant, à l’été 42, à la déportation des juifs étrangers ou apatrides vers les camps de la mort, à Auschwitz principalement.

Nous marquons ces 16 et 17 juillet les 80 ans des rafles du Vel d’Hiv, une tache indélébile dans l’histoire de notre pays. La responsabilité de l’Etat français est clairement établie dans la préparation et l’organisation de ces deux journées tragiques et impardonnables. Il n’y a aucun concours des forces allemandes. Au contraire même, auprès des autorités occupantes, et dans le cadre de la politique d’élimination des juifs d’Europe du IIIème Reich, Bousquet pratique la surenchère. L’opération n’est pas improvisée par la Préfecture de Police de Paris, elle est préméditée et pensée minutieusement. Il y a dans un premier temps l’établissement des 27400 fiches de signalement, puis les fiches d’arrestation, classées arrondissement par arrondissement.

Les consignes sont les suivantes : les équipes seront constituées d’un gardien en tenue et d’un policier en civil. 1600 équipes sont mobilisées, soit 3200 policiers, auxquels il faut ajouter les escortes de bus, les gardes et services d’ordre des centres de rassemblement et du Vel d’Hiv. Soit au total, pas de moins de 4500 policiers. Une fois les appartements vidés, les équipes d’arrestation doivent s’assurer de la coupure du gaz, eau et électricité, et remettre clés et animaux au concierge. Au Vel d’Hiv, les conditions d’internement sont épouvantables : des milliers de familles s’entassent, sans nourriture, sans hygiène ni confort sanitaire.

Et le bilan de ces 16 et 17 juillet 42 à Paris est effroyable : 12 884 personnes juives de plus de 16 ans arrêtées, envoyées au Vel d’Hiv ou à Drancy, dont 4051 enfants, le plus souvent français nés de parents étrangers.

On compte deux fois plus de femmes que d’hommes. La quasi-totalité des juifs déportés trouvera la mort dans les camps d’extermination, moins d’une centaine d’entre eux en reviendront. Seule lueur au tableau, deux tiers des personnes recherchées ont échappé aux arrestations.

Pour approfondir la compréhension de ces rafles du Vel d’Hiv, je vous invite à la lecture du livre de Laurent Joly, directeur de recherche au CNRS, intitulé « La rafle du Vel d’Hiv », sorti en mai dernier. Il nous propose une plongée effrayante dans les archives de la police, de l’administration et de la justice sous Vichy, agrémentée de nombreux témoignages de victimes, qui jette une lumière crue et terrible sur l’une des pires tragédies de l’histoire de notre pays.

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