Après 51 jours de tergiversations, Emmanuel Macron a finalement choisi de nommer Michel Barnier au poste de Premier Ministre. Ce geste est un mépris pour la représentation nationale, un rejet de la volonté exprimée lors des élections. Un coup de force politique, qui rappelle que, malgré deux défaites électorales successives, le Président veut imposer coûte que coûte la continuité des politiques néolibérales qui détruisent peu à peu le tissu social et économique du pays.
Lors des élections législatives des 30 juin et 7 juillet 2024, les électrices et les électeurs ont pourtant exprimé un message clair : en envoyant 193 députés du Nouveau Front Populaire à l’Assemblée nationale, ils ont montré leur désir de changement, leur volonté de voir la France tourner la page de la crise et de l’austérité pour mener enfin une politique sociale et humaine. Surtout, en plébiscitant les candidats du front républicain au second tour, ils ont manifesté un refus net de voir le Rassemblement national gouverner notre pays.
Même sans majorité absolue, le Nouveau Front Populaire reste la première force de l’Assemblée nationale, loin devant la coalition présidentielle, loin devant le Rassemblement national, très loin devant la droite républicaine et ses 47 députés. Dans n’importe quel pays démocratique, le Président aurait été tenu de nommer au poste de chef de Gouvernement une personne proposée par la coalition victorieuse.
Cette situation inédite met en danger nos institutions. Comment un gouvernement, issu d’une alliance qui a été battue, peut-il gouverner avec une Assemblée nationale hostile ? En vérité, il ne pourra s’appuyer que sur une alliance entre le camp présidentiel et les Républicains avec la complicité du Rassemblement National, une coalition des droites et de l’extrême-droite, à l’exact opposé de la volonté des Français. C’est-à-dire un déni de démocratie.
Cela plonge les collectivités locales dans l’incertitude la plus totale. Qui sait si le gouvernement ne sera pas censuré dès l’automne lors du vote du budget ? En tant que Maire, j’ignore encore quels financements seront attribués par l’État. Qu’adviendra-t-il des politiques publiques essentielles pour les communes ? Les services municipaux devront-ils encore subir des coupes drastiques dans leurs budgets de fonctionnement ? Alors que la précarité progresse, que les besoins en matière de santé, de justice, d’éducation se font toujours plus pressants, cette impossibilité de se projeter est inacceptable.