Mouvements sociaux : débat en conseil municipal

Je me garderais bien de me lancer dans une analyse sociologique du mouvement des Gilets Jaunes, ce que je vois par contre et ce que j’entends, c’est l’addition de colères qui explosent, et qui, sur le fond, n’étonneront pas les élus locaux que nous sommes.

Cela fait des années que nous alertons les pouvoirs publics sur l’augmentation de la précarité, de la pauvreté, du chômage, des travailleurs pauvres, dans l’impossibilité de boucler les fins de mois, des difficultés croissantes des classes moyennes.

Cela fait des années, que les gouvernements successifs ne veulent pas voir, voire méprisent, les difficultés et le quotidien des Français, tout comme nos alertes. La question n’était pas de savoir si la colère allait éclater, mais quand, car Emmanuel Macron n’est pas le seul responsable de la situation. Il en est un maillon, un pion supplémentaire des politiques libérales, menées sous Sarkozy, comme sous Hollande.

Depuis plus de 15 ans, le peuple n’est pas écouté, pas entendu, il se sent à juste titre, méprisé par la technocratie de Bruxelles et de Paris. La violence et les débordements qui ont eu lieu, que je condamne fermement, n’ont-ils pas été entretenus, d’une façon ou d’une autre, par la surdité de l’État, indifférent au referendum de 2005, comme aux grands mouvements sociaux de ces 10 dernières années ?

Pour une fois, la communication a été inversée. Elle est partie du peuple, de ceux qui produisent et travaillent dans tous les territoires, pour remonter jusqu’au gouvernement, et Paris.

Elle associe les Gilets Jaunes, mais aussi le secteur hospitalier, avec les urgentistes, les ambulanciers, le monde de la justice et les lycéens, face à la peur d’un avenir sombre, et d’une mise en concurrence des filières.

Tous aspirent à vivre dignement, à plus de pouvoir d’achat, quand les salaires sont gelés, face à la vie chère.

Tous demandent plus de justice fiscale, et le rétablissement de l’ISF, en est le premier marqueur. Il n’y a pas de justice sociale sans justice fiscale, tandis que les impôts sur les sociétés baissent chaque année, et que les profits dorment dans les paradis fiscaux, au lieu d’être réinvestis dans l’outil de production. Pourquoi ne pas étendre le prélèvement à la source aux entreprises, pour se donner enfin les moyens de lutter contre l’évasion fiscale ? On estime à 60, voire 80 milliards d’euros perdus, chaque année en France.

Enfin tous, je le crois, ont réaffirmé haut et fort, l’importance des services publics, leur rôle essentiel de solidarité entre les Français, de solidarité entre les territoires, et de levier indispensable, dans le cadre de la transition énergétique.

Emmanuel Macron a reculé, alors qu’en digne héritier de Nicolas Sarkozy, et avec la même suffisance, il promettait de ne rien lâcher ! Il a reculé, sans rien lâcher sur le fond pour autant. L’augmentation du SMIC de 100€ par mois repose en grande partie, sur le versement accéléré de la prime d’activité. De même, au lieu d’augmenter les salaires, le gouvernement invite les entreprises à verser des primes défiscalisées. Cette mesure ponctuelle en forme d’écran de fumée, crée par ailleurs, une profonde injustice pour les salariés, dont les entreprises, fragiles économiquement, ne pourront pas dégager de marges nécessaires, au versement de la prime.

Enfin, Emmanuel Macron n’entend pas rétablir l’ISF, et poursuit, après la hausse de la CSG, la baisse des APL, une politique fiscale profondément injuste.

Cette crise sociale est aussi une crise de toutes les fractures de notre pays, que les politiques libérales ne cessent d’aggraver, année après année. Fracture sociale, fracture territoriale, fracture entre le peuple, ses représentants et la technocratie, fracture entre les médias et une bonne partie des Français, fracture civique et culturelle. Une rénovation de l’exercice démocratique, plus citoyenne, fait partie des revendications entendues. A force de taper sur ceux qui travaillent, sur les plus modestes, sur les collectivités locales, sur les services publics et les corps intermédiaires, les différents gouvernements ont méprisé le peuple, et se sont coupés de la réalité et de toute proximité. Il y a urgence à retisser et repenser le lien social, d’un pacte républicain plus juste, et plus solidaire.

En conclusion, le chef de l’état a invité, dans le cadre de la consultation nationale des trois mois, à faire remonter la parole des Français via les collectivités locales. Notre Ville ouvrira donc des cahiers de doléances et de revendications, dans les trois mairies de notre territoire, à disposition de tous les Vénissians.

Je vous remercie.

X