Métropole : Projet métropolitain des solidarités 2023-2027

La Métropole de Lyon consacre, chaque année, un milliard d’euros aux politiques sociales et médico-sociales.

Aujourd’hui, à l’occasion du conseil métropolitain, Michèle Picard, maire de Vénissieux et vice-présidente de la Métropole de Lyon est intervenue sur le rapport N° 2023-1605 sur le « Projet métropolitain des solidarités (PMS) 2023-2027». Au-delà des solidarités que les collectivités développent pour pallier l’urgence et répondre aux besoins vitaux, il s’agit aujourd’hui d’aller plus loin et de créer les conditions qui s’attaquent aux racines de la pauvreté. Détricoter le déterminisme social, donner toutes ses chances à notre jeunesse, lutter contre le non-recours aux droits, garder intacte notre exigence de zéro personne à la rue. Toutes ces ambitions sont dans le Projet Métropolitain des solidarités qui définit nos priorités en lien avec les projets sociaux des territoires. Mais face aux crises qui se succèdent, jusqu’à quand pourrons-nous jouer un rôle d’amortisseur social ? Quand les politiques gouvernementales aggravent la situation : suppression de l’ISF, cadeaux fiscaux aux grandes entreprises, plafonnement des salaires, réforme des retraites  …

Les crises se succèdent. Elles sont économiques, sociales, climatiques, énergétiques, géopolitiques et civiques. Les unes n’effaçant pas les autres, elles s’additionnent. Dans les villes populaires, leurs effets sont plus violents et plus durables.

24.5% des enfants de la métropole de Lyon vivent en dessous du seuil de pauvreté. C’est près d’un enfant sur 4. Alors oui, les collectivités territoriales développent des solidarités pour pallier l’urgence, répondre aux besoins vitaux. La Métropole de Lyon consacre, chaque année, un milliard d’euros aux politiques sociales et médico-sociales.

Mais nous voulons aller plus loin et créer les conditions qui s’attaquent aux racines de la pauvreté. Détricoter le déterminisme social, donner toutes ses chances à notre jeunesse, lutter contre le non-recours aux droits, garder intacte notre exigence de zéro personne à la rue. Toutes ces ambitions sont dans le Projet Métropolitains des solidarités qui définit nos priorités en lien avec les projets sociaux des territoires.

La démarche de co-construction mérite d’être soulignée avec plus de 2 000 personnes impliquées, dans une grande diversité de partenaires et de territoires. Leur connaissance du terrain est absolument indispensable, et ce qui est constaté sur le terrain est extrêmement inquiétant.

Hyperinflation, envolée des prix de l’énergie et des produits alimentaires de première nécessité, de plus en plus de familles doivent choisir entre se nourrir, se chauffer, payer les charges courantes ou se soigner. Une enquête menée en 2022 par l’institut CSA montre que, pour les Français les plus pauvres, avec un revenu mensuel net de 900 euros, les dépenses contraintes représentent 80% de leur budget. Cela signifie qu’une fois payé le loyer, l’eau, l’électricité, les assurances, le téléphone, internet, il ne leur reste que quelques dizaines d’euros pour se nourrir, s’habiller, et se soigner. Oui, la situation est extrêmement grave et inquiétante.

En 2023 de plus en plus de gens ont faim, des familles, des enfants et de nombreux étudiants auxquels l’assemblée nationale vient de refuser le repas à 1€. Les vols à l’étalage de produits alimentaires augmentent, des circuits parallèles de trocs se multiplient où les plus pauvres pourront échanger un manteau contre une boite de conserve.

Le secours populaire a enregistré une hausse des demandes d’aides alimentaire de 48%.

En 2 ans, la Ville de Vénissieux a dû rajouter près 1.5 M de subvention au CCAS. Les chèques énergie et bouclier tarifaire sont finalement de faibles rustines ne permettant toujours pas aux usagers de payer les factures. Nos services publics de proximité sont largement mobilisés pour protéger et accompagner les habitants dans leur vie quotidienne.

Le coût des repas fabriqués par la cuisine centrale de Vénissieux s’est envolé suivant l’inflation des prix alimentaires de 15%, de l’énergie et des fluides jusqu’à 30%. Nous avons fait le choix de ne pas faire peser ces augmentations sur les budgets des familles en limitant l’augmentation des tarifs de cantine à 2% soit 4 points sous l’inflation. Et, nous maintenons le repas à un euros pour les familles au quotient familial le plus bas.

Mais jusqu’à quand pourrons nous jouer ce rôle d’amortisseur social ? Nous savons que le pic n’est pas atteint, que les mois à venir seront encore plus difficiles. Malgré tous nos efforts, la pauvreté augmente. Et ce sont les politiques gouvernementales qui créent de la pauvreté : suppression de l’ISF, cadeaux fiscaux aux grandes entreprises, plafonnement des salaires, réforme au rabais de l’assurance chômage, baisse des APL, suppression des aides à la pierre, etc. Dans ce contexte, comment les collectivités territoriales peuvent-elles, avec des budgets de plus en plus contraints, maintenir un effort suffisant de solidarité ?

La réforme des retraites est une humiliation de trop, qui bafoue les principes de solidarité et de dignité. L’impact de cette réforme sera extrêmement violent pour les salariés, les ouvriers, les jeunes et les femmes. C’est l’assurance de plonger toute une population dans la misère que nous combattons ici. C’est aussi une dégradation sans précédent de nos avancées sociales, un recul sur les combats gagnés pour le bien vivre et le bien vieillir.

Quels dispositifs de solidarité serons-nous demain obligés d’inventer pour absorber dans nos territoires la dégradation de la qualité de vie de nos ainés ? La question se pose aussi pour tous les employeurs y compris pour les communes et la Métropole : que ferrons nous pour nos agents qui pratiquent les métiers les plus difficiles au service de l’intérêt général ? Il sera nécessaire de mettre en place des accompagnements, pour ceux qui seront trop usés pour continuer, les ATSEM, les éboueurs, les aides à domicile.

Concernant la santé, il est déjà actuellement compliqué de recruter tant les métiers sont difficiles et insuffisamment rémunérés. Des services d’urgence ferment la nuit, comme à l’hôpital des portes du sud. Le droit universel à la santé n’est plus garanti et il y a aujourd’hui des inégalités intolérables entre ceux qui peuvent accéder aux soins et ceux qui ne le peuvent pas. Les politiques nationales, que suivent malheureusement les hospices civils de Lyon, ont introduit la notion du privé et de rentabilité, avec la mise en concurrence de l’hôpital public, les suppressions de lits, les fermetures d’établissements, et la privatisation rampante de la sécurité sociale. Les dégâts sont catastrophiques.

Malgré la crise sanitaire qui a clairement montré la défaillance de notre structure médicale, le gouvernement ne réagit pas. Et pendant que Macron regarde ailleurs, c’est dans les territoires, avec l’implication des collectivités territoriales, que nous tentons de trouver des solutions à la désertification médicale.

Se soigner, se loger, se nourrir, quand les besoins vitaux et ou ceux inscrits dans la constitution, ne sont plus garantis, c’est toute une population qui sombre.

Les collectivités territoriales font beaucoup mais il faudra bientôt faire plus. Nous refusons de panser les plaies de la pauvreté que les décideurs du monde de la finance produisent. Il est grand temps de changer de politique dans notre pays pour créer de la justice sociale et de la dignité pour tous.

Une information pour conclure. Dans quelques jours la trêve hivernale s’achève et pour de nombreuses familles la peur de la rue. Je prendrais comme chaque année depuis 14 ans, des arrêtés pour une obligation de relogement avant toute expulsion locative, l’interdiction des saisies mobilières et des coupures d’électricité et de gaz. C’est un combat pour la dignité.

Je vous remercie.

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