L’égalité femmes-hommes : l’éducation comme levier ?

C’est un levier qui apparait en effet essentiel, quand on veut faire avancer l’égalité.

A l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, la Métropole de Lyon propose une série d’initiatives. Dans ce cadre, des conférences sont organisées en partenariat avec le magazine Femmes Ici et Ailleurs. Des temps de sensibilisation et de réflexion, autour de l’égalité Femmes-Hommes  ouverts aux habitantes et habitants de l’agglomération lyonnaise. Samedi en fin de matinée, une conférence intitulée « L’égalité femmes-hommes : l’éducation comme levier ? » accueillait Isabelle Collet et de Sigolène Couchot-Schiex.  «  C’est évidemment un vaste sujet d’étude, et l’objet des travaux des conférencières ici présentes, mais je crois qu’elles ne me contrediront pas si je dis qu’il reste encore un énorme travail à effectuer, pour que l’École ne participe plus à la reproduction des inégalités femmes-hommes. » Ci-après l’intégralité de l’introduction de Michèle Picard lors de cette rencontre.

Je suis très heureuse d’être parmi vous aujourd’hui, pour cette nouvelle conférence sur le thème de l’égalité entre les femmes et les hommes.

Je veux saluer et remercier Isabelle Collet et Sigolène Couchot-Schiex d’être présentes aujourd’hui parmi nous, pour cette conférence qui entre dans le cadre d’un cycle que nous avons organisé avec le magazine Femmes ici et ailleurs, depuis le début de la semaine.

  • certaines conférences dédiées uniquement à nos agents,
  • d’autres, comme celle-ci, ouvertes à toutes et à tous.

Notre objectif est d’offrir, aux habitantes et habitants de la Métropole, des temps de sensibilisation et de réflexion, autour de cette question de l’égalité entre les femmes et les hommes.

Nous avons ainsi abordé, hier soir, la question de la santé, et lundi soir, nous aborderons la question de l’invisibilité des femmes dans l’histoire.

Quand nous avons commencé à réfléchir à ce cycle de conférences, il m’a semblé évident, très rapidement, que nous devions programmer une conférence sur le thème de l’éducation.

C’est un levier qui apparait en effet essentiel, quand on veut faire avancer l’égalité.

D’abord, parce que l’Éducation est bien l’un des enjeux fondamentaux de toutes les luttes, pour l’Égalité entre les filles et les garçons. « L’accès à l’instruction » reste en effet une des inégalités majeures, à travers le monde

  • Moins de 40% des pays affichent des proportions égales de filles et de garçons inscrits dans l’enseignement secondaire ;
  • 16 millions de filles n’entreront jamais dans une salle de classe (Institut de statistique de l’UNESCO)
  • Et corolaire immédiat : les femmes comptent pour les deux tiers des 750 millions d’adultes ne possédant pas les compétences d’alphabétisation de base.

Et quand les femmes sont écartées du chemin de l’école et du savoir, elles sont généralement aussi écartées de toute forme de participation citoyenne, et cantonnées à la sphère domestique, avec beaucoup de devoirs mais peu de droits.

Néanmoins, s’il est aujourd’hui admis partout que l’école, l’accès à l’éducation, sont un formidable vecteur d’émancipation pour les filles et les femmes, l’École reste à l’image de la société dans laquelle elle agit : elle porte en elle l’histoire, les mœurs, la culture nationale. Et bien sûr ses valeurs comme ses stéréotypes.

Aussi, quand on sait toutes les difficultés rencontrées dans notre pays pour appliquer l’égalité réelle entre les femmes et les hommes, avec une société marquée par des stéréotypes de sexe encore fortement ancrés à tous les niveaux de notre société, on est en droit de se demander s’il n’est pas vain de penser que l’École pourrait être un levier majeur, pour améliorer l’égalité entre les filles et les garçons.

Comme la société, L’École est encore imprégnée de cette idée reçue et de ce stéréotype fondamental que la différence des sexes induirait des aptitudes et des intérêts différents. Cette affirmation que les filles seraient, par nature, plus dociles, plus tournées vers la littérature et la communication, et que les garçons seraient plus entreprenants et plus doués pour les sciences !

Et l’on connaît bien sûr les conséquences de cette image sexuée des compétences, et de ces représentations véhiculées dès l’enfance :

  • Par exemple en matière d’orientation des filles et des garçons : les filles se détournent très vite des filières « dites masculines » (et l’inverse est vrai aussi). Alors même que, dans la société, les métiers et filières les plus valorisés sont ceux occupés principalement par les hommes. Dans les écoles d’ingénieurs, les jeunes femmes représentent environ 28% des effectifs, selon les données des écoles françaises d’ingénieurs.
  • Cette image sexuée des compétences se traduit aussi en matière d’assignation subtile des filles à laisser « la place », dès les classes élémentaires. Des études récentes ont ainsi montré que les enseignants valorisaient, davantage, de façon inconsciente, la prise de parole des garçons plutôt que celle des filles, tout au long du cycle scolaire.
  • Et on ne peut qu’imaginer aussi l’impact inconscient que peut avoir, auprès de générations d’écolières, cette organisation des cours de récréation, qui offrent, encore aujourd’hui, les espaces centraux aux activités des garçons, et relèguent les filles sur les côtés.

L’ensemble de ces biais, souvent inconscients évidemment, offre malheureusement aussi un terreau favorable aux futures violences sexistes : en favorisant le sentiment de supériorité des garçons, on crée aussi en corollaire, un sentiment d’impunité chez certains d’entre eux, les autorisant parfois à aller jusqu’aux actes violents.

Alors ? Est-ce que notre École peut réellement être différente ? Est-ce qu’elle peut lutter efficacement contre les idées reçues ? Est-ce qu’elle peut être un réel levier pour améliorer l’égalité ? Sous quelles conditions ?

C’est évidemment un vaste sujet d’étude, et l’objet des travaux des conférencières ici présentes, mais je crois qu’elles ne me contrediront pas si je dis qu’il reste encore un énorme travail à effectuer, pour que l’École ne participe plus à la reproduction des inégalités femmes-hommes.

Nous partageons ces constats, souhaitons toutes et tous lutter contre ces représentations sociales… et permettre notamment aux filles d’avoir pleine conscience de leurs droits, de leur égalité avec les garçons, avec les mêmes potentiels, les mêmes opportunités.

Mais la méthode pour y arriver est bien plus floue. Le « comment faire » plus compliqué à appliquer.

Aussi, il me semble particulièrement intéressant de pouvoir entendre votre témoignage et éclairage, sur la façon dont l’Éducation peut être un véritable levier, en matière d’égalité réelle.

Je vous remercie.

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