Intervention de Michèle PICARD, Maire de Vénissieux, Vice-présidente de la Métropole de Lyon, à l’occasion de l’inauguration de la résidence-accueil Madeleine Pelletier, un lieu d’accompagnement pour les personnes en situation de handicap psychique, avec un accompagnement pluriel des résidents dans un cadre inclusif et favorisant la reconstruction sociale pour tous.
Cette inauguration de la résidence-accueil Madeleine Pelletier a lieu à l’occasion de la semaine nationale des pensions de famille, ces lieux qui proposent des logements individuels et durables pour les personnes en situation d’exclusion. Et ce, dans un cadre collectif, pour combattre l’isolement, et permettre une construction ou reconstruction sociale. C’est bien l’objectif de cette résidence-accueil, ouverte depuis novembre 2024.
Je salue la présence de nos partenaires et remercie l’implication de la Métropole de Lyon, de la Caisse des dépôts et consignations et de l’État, et bien entendu la SACOVIV et la fondation ARHM.
La présence de travailleurs sociaux dans ce cadre, du lundi au vendredi permet d’accompagner les résidents, avec des animations collectives par exemple, et finalement, de créer du lien tout en étant à leur écoute. Ils peuvent également les orienter vers les professionnels adaptés en cas de besoin. Un passage infirmier quotidien a aussi été mis en place.
Cet accompagnement pluriel permet, nous l’espérons, la garantie du bien-être et du confort pour les résidents.
Pour accompagner au mieux les personnes en situation de handicap psychique, comme toutes les personnes en situation d’exclusion sociale, nous ne pouvons nous contenter de solutions curatives. Nous devons favoriser la prévention, mais aussi proposer des solutions durables, et non pas traiter seulement les situations d’urgence.
C’est pourquoi ces logements autonomes, en PLAI, favorisent une installation durable sur le territoire, une perspective de reconstruction pour ces personnes, et ce dans la durée. L’hébergement est indispensable et sauve des vies ; mais avoir un logement à soi, des capacités à se projeter est aussi, je crois, un besoin vital et un droit fondamental.
Le choix de dénommer cette nouvelle structure Madeleine Pelletier n’est pas anodin.
Première femme interne en médecine, de gauche, elle a mené des combats bien en avance sur son temps ; pour l’avortement notamment, mais aussi pour l’égalité des droits et l’accès aux soins pour les plus démunis.
Elle-même a déclaré « je suis née plusieurs siècles trop tôt », et le présent lui donne raison : ses combats raisonnent aujourd’hui, alors qu’elle était méprisée de son vivant.
Donner son nom à cette structure, c’est reconnaître ses combats et perpétuer sa mémoire, comme nous le faisons avec d’autres équipements publics. C’est un choix délibéré, non pas pour répartir équitablement les noms d’hommes et de femmes, mais pour combler un tant soit peu l’immense retard des patronymes féminins par rapport aux personnalités masculines.
En moyenne en France, sur 33 % de voies, rues, places et autres espaces publics portant le nom de personnalités, seuls 6 % sont celui d’une femme. La marge de réajustement est immense et je salue donc ce choix pour cette résidence, qui complète nos efforts dans cette politique volontariste. Nous montrons que les femmes ont bien marqué l’histoire, mais qu’elles en ont été effacées et nous tenons à leur redonner la visibilité qu’elles méritent.
Cette résidence-accueil est, également, complémentaire à la gamme des offres et services de l’ARHM hors hôpital, notamment à Vénissieux : hôpital de jour pour adultes, centre médico-psychologique…
Aussi, avec notre Conseil local de santé mentale, nous menons des actions en partenariat, concertées et cohérentes, dans une perspective pluridisciplinaire. Dans un contexte de dégradation généralisée de la santé mentale en France, nous l’affirmons comme une priorité dans nos politiques publiques de proximité.
Le secteur de la psychiatrie est bloqué dans une crise structurelle depuis de nombreuses années, malgré l’engagement des professionnels. A Vénissieux comme dans d’autres villes populaires, les phénomènes de mal-être se multiplient.
Avec les crises qui s’agrègent ces dernières années, il est évident que chacun, vulnérable ou non, peut traverser des moments difficiles. Nous sommes là, aussi, pour les accompagner.
Située en centre-ville, proche des transports en commun, services et commerces, la résidence-accueil est ouverte sur l’extérieur, pour le bien-être des résidents. Il était essentiel pour nous que les résidents bénéficient d’un espace inclusif et sécurisant, sans être relégués ni exclus de la vie de la cité.
Il y a quelques mois, nos opposants ont osé dénoncer ce projet lors d’un Conseil municipal, avec des propos révoltants accompagnés de rumeurs colportées : un pas a été franchi, en faisant un lien entre incivilités et santé mentale, amenant une prétendue dégradation du cadre de vie.
Un amalgame honteux et un glissement politique très dangereux. Ces propos relèvent du 18e siècle, quand les pouvoirs publics éloignaient les personnes malades, pour ne pas les voir ni les accompagner à la hauteur de leurs besoins.
Je tiens à remercier le cadre de santé responsable du Centre Médico-Psychologique – Centre de soins ambulatoires qui est venu au Conseil de quartier du Centre pour éclairer les habitants sur ces problématiques et mettre à mal ces raccourcis dangereux.
Nous devons, avec détermination, dénoncer ces amalgames et affirmer, développer nos politiques publiques de santé mentale.
Donner aux résidents le cadre et l’accompagnement dont ils ont besoin, y compris au coeur de la cité, est de notre responsabilité, pour le vivre-ensemble.
Nous devons dire et redire que les droits humains les plus fondamentaux ne se négocient pas et ne s’acquièrent pas sous condition de bonne santé. Avec ce type de propos, sommes-nous prémunis de retomber dans les théories les plus délétères de l’eugénisme, demain ?
L’exclusion ne pourra jamais être une solution face aux difficultés médico-sociales de nos concitoyens.
Nous sommes, de notre côté, fiers de l’implantation de cette nouvelle structure et nous le répéterons autant qu’il le faudra, parce que chaque personne a droit aux soins, au logement, et au confort, dans les villes populaires comme partout.
Je vous remercie.