Distributeurs de protections menstruelles

La concrétisation d’un projet initié il y a un an environ, dans le cadre de la lutte contre la précarité menstruelle et en écho à la grande collecte de protections menstruelles

Avec Bruno Bernard, Président et Véronique Moreira, vice-présidente chargée de l’éducation et des
collèges de la Métropole de Lyon, Michèle Picard, vice-présidente chargée de la lutte contre les discriminations et de l’égalité femmes-hommes, était, en ce début d’après-midi
, au collège Henri-Longchambon pour découvrir l’installation d’un distributeur de protections périodiques gratuites. Cette initiative s’inscrit dans le cadre de la mise en place de distributeurs de protections hygiéniques gratuites, en partenariat avec l’inspection académique, dans 21 collèges métropolitains. Un enjeu pédagogique aussi sur le sujet des règles, les questions de respect, et d’interconnaissance de l’autre, auprès des collégiennes et collégiens. L’ occasion de mettre à disposition un guide abordant le sujet des règles.

Je suis heureuse d’être parmi vous aujourd’hui dans le cadre de notre projet  d’installation de distributeurs de protections menstruelles dans 21 collèges de la Métropole. Je veux remercier Monsieur le principal et son équipe pour leur accueil et l’inspection académique pour leur présence et leur soutien dans la réalisation de ce projet.

Nous concrétisons toutes et tous ensemble aujourd’hui, un projet initié il y a un an environ et que j’avais annoncé le 8 mars dernier en écho à la grande collecte de protections menstruelles que nous organisons depuis deux ans pour mettre en lumière et lutter contre la précarité menstruelle. C’est une précarité moins connue, mais qui touche près de deux millions de femmes en France. Et pas uniquement les femmes à la rue, ou celle en extrême précarité. Aujourd’hui une étudiante sur 3 indique par exemple avoir des difficultés à s’acheter des protections.

Je dois dire que pour lutter contre cette précarité spécifiquement féminine, j’ai obtenu un véritable soutien de la part du Président de la Métropole, Bruno Bernard, qui m’a laissé carte blanche pour porter les projets dans ce domaine et notamment celui qui nous réunit aujourd’hui. Je tiens donc sincèrement à le remercier aujourd’hui.

Car la précarité menstruelle a au moins deux conséquences inacceptables qui touchent chacune à ce droit fondamental qui est le droit à la dignité.

  • Comme toute précarité, elle crée d’abord une nouvelle forme d’exclusion. Pendant leurs règles, un certain nombre de femmes et de jeunes filles s’excluent en effet de toute vie sociale : elles ne vont pas au collège, au lycée, parfois travailler car elles n’ont pas les protections nécessaires.
  • Ensuite, cette précarité menstruelle et c’est le deuxième point fondamental, fait courir des risque pour la santé à un certain nombre de ces femmes et filles qui se retrouvent à fabriquer des protections de fortune, avec ce qu’elles ont sous la main, journal, mouchoirs en papier, tissu etc…avec les risques que cela entraine en terme d’infections !

Si nous manquons aujourd’hui d’éléments statistiques très clairs sur la précarité menstruelle chez les collégiennes de notre Métropole, on sait néanmoins qu’elle existe inévitablement – les jeunes filles en effet subissent la précarité subie par leur famille. On sait aussi que des jeunes filles ratent des journées de cours plusieurs fois dans l’année sans que l’on sache exactement pourquoi, mais on peut supposer que pour certaines d’entre elles c’est aussi en raison d’un manque de protections.  Un sondage réalisé en mars 2019 (IFOP) montrait que sur les près de 1700 adolescentes (entre 12 et 19 ans) interrogées, 97% d’entre elles considèrent que les protections périodiques coûtent trop cher et près de huit de ces adolescentes sur dix se sont déjà trouvées « en manque de protection à l’école ».

Mais je dois dire qu’au-delà de la question de la précarité menstruelle, c’est le sujet des règles dans son ensemble que nous voulons aussi rendre moins tabou. La triste réalité c’est que parler du corps de la femme, de son intimité pose toujours un problème !

Aujourd’hui la période des règles est vécue encore par trop de jeunes filles et de femmes comme un moment dont on a honte. Et pourtant parler des règles, c’est juste parler d’une réalité physiologique vécu par 50 % de la population. C’est effectivement du corps féminin. En parler c’est reconnaitre cette spécificité, ce qui est un pas supplémentaire pour qu’elle soit enfin acceptée dans sa globalité. En tant que vice-présidente en charge de l’égalité Femmes-Hommes, il était donc important pour moi de parler de ce sujet de façon claire, simple, sans tabou.

C’est pour cela que j’ai souhaité proposer une action vers les collégiennes et les collégiens. À un âge où ce sujet apparait concrètement dans la vie des jeunes filles et où l’enjeu de lever le tabou me semble donc essentiel. Car on ne s’en doute pas toujours, mais la « la gestion » des règles dans la vie d’une jeune fille, est un sujet encore compliqué. Quelle énergie dépensée chaque mois pour gérer cette période : bien penser à avoir des protections avec soi,  penser à bien se changer à temps, passer sa journée avec la peur d’un « petit accident », avoir mal au ventre aussi parfois.  Et tout cela avec la crainte que ça se sache ! Car toute jeune fille comprend malheureusement très vite qu’il va surtout falloir « que ça ne se sache pas et que ça ne se voit pas » !

Il y a donc aussi un réel enjeu d’aller à la rencontre des plus jeunes, des collégiennes mais aussi et surtout des collégiens sur ces questions des règles. Il me semble que c’est à cet âge que se jouent les questions de respect, d’interconnaissance de l’autre. En leur parlant sans tabou des règles, en expliquant aux filles et aux garçons ce que c’est, de façon simple, pédagogique, nous participerons à la levée des tabous, des idées reçues et des préjugés. Cela permettra assurément aussi de parler plus globalement des différences entre les filles et les garçons, d’ouvrir la discussion sur le corps, la sexualité, etc ..

Je suis persuadée que c’est en parlant des règles, en les ramenant à leur réalité physiologique que nous en ferons un non sujet. C’est pour cela que nous avons pris la décision de lancer cette expérimentation de distributeurs de protections menstruelles gratuite dans 21 collèges de la Métropole, en accompagnant cette installation dun livret intitulé « tout ce que tu as toujours voulu savoir sur les règles sans avoir peut-être jamais avoir osé le demander » . Nous répondons donc à la fois à la potentielle précarité de certaines collégiennes, à l’oubli de protections et au stress qui va avec et affirmons qu’il n’y pas de tabou à parler ou à s’informer sur les règles.

C’est un projet qui me tenait à cœur et je suis heureuse qu’il se concrétise aujourd’hui. J’espère qu’il apportera du confort aux collégiennes concernées et que le guide permettra d’amorcer une discussion sur le sujet avec les filles et les garçons. 

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