Conseil municipal : Programmation sociale 2021

… »A Vénissieux, rénovation n’est pas synonyme de gentrification. De nouveaux habitants arrivent, ceux qui y étaient installés peuvent rester, grâce à notre politique de logement social et la variété des parcours résidentiels. »…

On ne peut pas demander aux politiques de la ville, de se substituer au droit commun. Croire ou faire croire qu’elles ont vocation à remplacer l’État dans les quartiers populaires, c’est faire fausse route. Education, sécurité, accès aux soins, présence des grands services publics nationaux, c’est bien le régalien dont ont besoin les habitants en premier lieu.

La politique de la Ville vient en complément, en appui aux dispositifs de droit commun. Et non l’inverse ! Lorsque nous avons reçu fin 2013 François Lamy, ministre délégué à la ville, je lui tenais ces propos. J’ouvre les guillemets : « Nos analyses, Monsieur le Ministre, convergent toutes vers un point essentiel : les quartiers populaires, et les populations qui y vivent, ne sortiront de l’ornière que si l’État, et le droit commun y reviennent en force. Ne nous trompons pas d’objectifs : les politiques de la ville, et les collectivités ne peuvent remplacer la volonté et les moyens régaliens de l’État, par contre, ces dernières doivent accompagner, agir et mettre toutes leurs compétences au service de cette cause nationale ».

Posons le débat à l’endroit et pas à l’envers. Dans les QPV, nous savons que l’un des nerfs de la guerre, c’est l’emploi, les taux de chômage deux à trois fois supérieurs à la moyenne nationale, la précarité. Ce n’est pas la rénovation urbaine qui est responsable de ces indicateurs, mais bien les crises économiques, et les politiques libérales qui ne cessent de creuser des inégalités sociales et territoriales, qui enfoncent les familles, les salariés et les plus modestes dans la pauvreté.

Si notre majorité se bat pour plus de services publics dans l’éducation nationale, dans nos commissariats, si l’on s’est battu pour l’implantation de certains de nos équipements culturels sur le plateau, du pôle hospitalier, pour l’arrivée du tramway, ce n’est pas un hasard, et j’invite l’opposition à nous rejoindre dans ce combat, au lieu de rester muette, et de cautionner plus de trente ans de politiques libérales.

Il faut avoir la mémoire courte, ou sélective, pour oublier les suppressions de lits et de moyens dans le milieu hospitalier, avec les conséquences que l’on sait. Il faut avoir la mémoire courte, quand certains se félicitaient des suppressions de postes dans l’éducation nationale, dans la police et qu’hier encore, Emmanuel Macron promettait de sabrer les effectifs dans la fonction publique territoriale !

N’y a-t-il pas là en grande partie, les raisons des difficultés des habitants des quartiers populaires ? Ce combat du droit commun, nous ne l’abandonnerons jamais. En novembre 2020, 200 maires et moi-même avions demandé qu’1% du plan de relance soit consacré aux quartiers qui concentrent les plus grandes difficultés. Après des mois de mobilisations, nous avons enfin été entendus. Le gouvernement vient de débloquer une enveloppe de 3,3 milliards d’euros aux quartiers populaires, destinés à financer une série d’actions en faveur de leurs habitants. Nous resterons bien évidemment vigilants quant à l’affectation de ces crédits. Voilà le sens de notre engagement, il faut se battre, c’est tout, au lieu de baisser les bras ou d’être dans le dénigrement permanent.

N’adoptons pas une lecture tronquée de l’étude de la cour des comptes. Personne dans notre majorité n’est dans le déni, ni dans la complaisance.

Oui, il y a des phénomènes de radicalisation dans les QPV, comme dans d’autres quartiers d’ailleurs en France.

Oui, les trafics de drogues, et l’économie souterraine pourrissent la vie des habitants. Il faut lutter contre ces dérives, être ferme dans les sanctions, et volontariste dans le travail de prévention. Le pacte républicain doit être présent dans tous les territoires, sans exception aucune.

Je reprends les termes de l’étude de la cour des comptes :« Il n’existe aucune zone de non-droit aux Minguettes. Le quartier ne fait pas apparaître de sur-délinquance globale par rapport au reste de la ville, son taux de délinquance s’est réduit de 91 à 84 faits pour mille habitants, de 2016 à 2018 ». Et de poursuivre, je la cite : « L’ensemble de ces moyens ont permis de contenir la délinquance sur le quartier des Minguettes, avec une hausse significative des résultats, en matière de lutte contre les trafics de stupéfiants ces dernières années ».

En matière de sécurité, il n’y a pas de baguette magique, mais le travail méthodique que nous menons tous les jours avec l’ensemble de nos partenaires.

Alors oui, les politiques de la ville connaissent certaines limites, mais elles montrent aussi une réelle utilité et efficacité. L’étude réalisée le dit très clairement, j’ouvre les guillemets : «  Les travaux de rénovation urbaine sont une réussite et ont permis d’aérer le quartier, d’installer de nouveaux commerces et service, d’apporter plus de confort dans les logements. L’attribution d’un logement social pérenne dans le quartier, a donc représenté pour une grande partie des ménages, une amélioration de leur condition d’habitat ».

La programmation sociale de ce soir, montre bien que la rénovation urbaine n’est pas qu’une question d’aménagement ou d’habitat, mais de dispositifs sociaux au service de tous les habitants, des associations. 690 000€ de co-financement de l’Etat, 144 000€ de crédits de la Ville et 45 000€ de la Métropole vont être injectés pour booster la formation, favoriser l’insertion professionnelle et la réussite éducative. Soit une enveloppe globale de presque 900 000€, ce qui n’est pas négligeable ! Ces actions vont s’adosser au label Cités Educatives que notre ville a obtenu. C’est un exemple de corrélation et de convergence, entre droit commun et politique de la Ville.

Je veux conclure sur un point qui me paraît important. La rénovation urbaine s’inscrit dans un temps long, d’aménagement, de dialogues avec tous les partenaires, et de concertation avec les habitants. Elle est évolutive, horizontale, jamais identique. Forts de notre expérience du premier PNRU, nous parvenons à améliorer le cadre de vie, l’habitat, tout en maintenant les familles déjà présentes.

A Vénissieux, rénovation n’est pas synonyme de gentrification. De nouveaux habitants arrivent, ceux qui y étaient installés peuvent rester, grâce à notre politique de logement social et la variété des parcours résidentiels.

Beaucoup a été fait, et beaucoup reste à faire. Sécurité, rénovation du bâti, évitement scolaire, emploi local, désenclavement de certains quartiers des Minguettes, amélioration de l’image et de l’attractivité, après Vénissy-Armstrong, le NPNRU 2 Minguettes-Clochettes s’appuie sur des projets structurants, au service de toutes les populations.

Cet outil, malgré ses limites, nul ne peut s’en passer pour effacer des fractures territoriales encore trop prononcées aujourd’hui en France comme dans notre agglomération lyonnaise.

Je vous remercie.

X