Intervention de Michèle Picard sur le rapport n° 14 « Nouveau Plan Partenarial de Gestion de la Demande de logement social et d’information des demandeurs (PPGID 2024-2030) ».
2,7 millions, c’est le chiffre record de demandeurs de logement social en France mi-2024 ! Ce chiffre est scandaleux, honteux, il illustre de la pire des façons la démission de l’État ces cinq dernières années. Aucun des gouvernements sous Emmanuel Macron n’a insufflé une réelle dynamique et pris la mesure d’une crise sans précédent, que les maires des grandes villes et agglomérations dénonçaient auprès des pouvoirs publics. Pourquoi une telle démission, une telle inertie, une telle inaction ? Lors du récent congrès des bailleurs sociaux à Montpellier, Bruno Arcadipane, président d’Action Logement, faisait le constat suivant : « Tous les mots, toutes les formules ont été utilisés pour tirer la sonnette d’alarme. Des alertes qui n’ont pas suscité les mesures énergiques attendues du plus haut sommet de l’État. Et aujourd’hui, rien ne va plus… ».
Il ne s’agit pas de tirer à boulets rouges sur l’État et d’en faire l’unique responsable de cette situation, mais il fallait une ambition, une dynamique, que l’exécutif n’a à aucun moment enclenchée, laissant la crise prendre une ampleur inédite, voire incontrôlable. L’énorme faute, car il s’agit bien d’une faute, c’est d’avoir laissé le logement aux mains du privé et du marché, et ce dernier ne régule pas mais spécule, comme chacun sait !
Comment s’étonner dès lors que parmi les 2,7 millions de demandeurs, 1,8 millions proviennent de ménages qui ne vivent pas encore en HLM, là encore un triste record. Les bailleurs sociaux s’attendent à finir l’année avec moins d’attributions que les 385 000 de 2020, en pleine crise du Covid, et la production de logements sociaux en dessous des 82 000 de 2023. Les ponctions sur les organismes HLM depuis l’accession d’Emmanuel Macron ont eu des effets dévastateurs que les familles les plus modestes payent au prix fort, beaucoup trop fort.
Le PPGID, un levier d’action
Le plan partenarial de gestion de la demande de logement social et d’information des demandeurs (PPGID) nous permet de faire le point au niveau de la Métropole et de Vénissieux. A l’échelle de la Métropole, l’indice de pression est fort, 10 demandes de logement social pour une attribution. Il est de 5,5 à Vénissieux. Dans l’agglomération lyonnaise, le nombre de personnes sans solution de logement augmente malgré les efforts notables d’accueil et d’hébergement avec plus de 1000 places ouvertes chaque année.
Entre un habitat indigne, les marchands de sommeil, la sur-occupation, il faut bien comprendre que nous sommes entrés dans une crise aiguë du mal logement.
Pour améliorer ce PPGID 2025-2031, notre ville soumet différentes propositions à la Métropole : une adaptation régulière des actions aux réalités du terrain, notamment sur les objectifs de la politique d’attribution ; le renforcement du dispositif d’accueil des demandeurs de logement social ; la création d’une instance locale de suivi de la politique d’attribution métropolitaine ; la création, pourquoi pas, de Maisons de l’Habitat, intégrées aux Maisons de la Métropole de Lyon. Il faut agir, vite et fort, même si l’instabilité politique dans laquelle notre pays est entré, ne laisse rien présager de bon en matière de logement, et surtout de logement social.
Je vous remercie.
