Conseil municipal : Finances locales

Nos finances saines, solides, doivent, comme aujourd’hui, garder cette capacité à dégager des marges de  manœuvre.

Intervention de Michèle Picard sur les rapport n°1 à 4 « Compte de gestion 2023 du budget principal et du budget annexe. Compte administratif 2023 du budget principal et du budget annexe. Affectation des résultats de l’exercice 2023 du budget principal et du budget annexe. Budget supplémentaire de l’exercice 2024 du budget principal et du budget annexe. »

L’élaboration d’un budget est un équilibre, mais aussi un exercice collectif. C’est le fruit d’échanges avec tous les services. Quels sont les besoins des habitants en matière de santé, d’éducation, de sécurité, de logements, de culture, de sport pour tous ? Quels sont les nouveaux dispositifs à lancer et investissements structurants à programmer ? Chaque  service apporte sa pierre à l’édifice, et plus particulièrement notre service financier dans l’application du juste équilibre entre les dépenses de  fonctionnement et d’investissement.

A notre budget primitif, le compte administratif est son juge de paix. Nos finances sont saines, 2023 confirmant les années précédentes : pas  de  surendettement, pas d’effet ciseaux, pas d’emprunt toxique et un  autofinancement supérieur à  15 millions d’euros qui nous permet de regarder devant nous, d’investir pour les années futures.

Dans le contexte qui est le nôtre, où les crises s’enchaînent et s’agrègent pour les habitants et où bon nombre de collectivités locales sont d’ores et déjà asphyxiées, sans aucune marge de manœuvre, proches du dépôt de bilan, je tiens à saluer l’exemplarité et le sérieux du travail mené par tous les services à Vénissieux. Notre budget est le cœur, le poumon et la colonne vertébrale des politiques de proximité de gauche, sociales, solidaires, que nous continuons de mettre en place pour l’intérêt général et pour tous les Vénissians.

Depuis ces dernières années, notre priorité a été de répondre vite et avec force aux crises qui frappent de plein fouet les habitants des villes populaires.

La précarité, la pauvreté gagnent du terrain, les fractures entre les territoires de la Métropole se creusent. Avec l’ajout de nouveaux quartiers de Vénissieux en QPV, la géographie prioritaire recouvre entre 27 500 et 30 000 habitants, soit plus de 40% de la population vénissiane. Raison pour laquelle nous avons augmenté la part de notre budget consacrée à la cohésion sociale. Mais la réponse, nous le savons, doit  s’adresser directement aux habitants, aux associations, aux forces économiques et sociales. Pandémie Covid-19 : nous avons débloqué 4  millions d’euros pour faire face. Aujourd’hui, face à la hausse vertigineuse de l’inflation de +5% en 2023, des familles de plus en plus nombreuses éprouvent de grandes difficultés dans tous les domaines : l’alimentation, les  dépenses en électricité, en essence, les loyers, la santé, etc.

Premier temps : nous avons ainsi décidé de ne pas augmenter l’ensemble de nos tarifs municipaux en 2024. L’objectif est de soulager le quotidien des familles, que cela concerne la restauration collective, le  périscolaire et autres frais d’inscription.

Deuxième temps : la Ville poursuit le gel de ses taux qui restent donc inchangés depuis 2016 ! Enfin, nous inscrivons dans notre budget 2024 la  revalorisation de l’enveloppe des subventions aux associations de 3,2% ! Ce  sont nos finances saines qui nous permettent de jouer notre rôle d’amortisseur social pour tous les Vénissians. Parmi les communes qui composent la Métropole de Lyon, nous sommes la seule à pouvoir geler  en  même temps fiscalité, tarifs municipaux et venir en soutien des  associations vénissianes. Ces décisions fortes doivent être mises en perspective avec l’inflation qui touche également notre ville : évolution de nos charges courantes de 1,5% ; inflation des charges d’énergie de  +  2,5% et des coûts alimentaires, notamment de la restauration scolaire, de + 17%.

Dans ce contexte, accompagner nos services publics de proximité était primordial. Nos agents sont sur le terrain, en première ligne pour aider les Vénissians et animer nos équipements. Rifseep (montant d’1,1 million d’euros), revalorisations du point d’indice en 2022, puis 2023, mesures Ségur de  la  santé, avancement de carrière, glissement vieillesse-technicité, nous  avons  absorbé ces évolutions pour accompagner les mutations de  nos  services publics et les rendre ainsi plus efficients. Par ailleurs, nous avons octroyé la prime de pouvoir d’achat exceptionnelle. Plus de 1100  agents, répartis en 7 tranches correspondant à leur rémunération brute, l’ont touchée fin mai. Cette prime va de 300€ à 800€, selon les  rémunérations brutes des salariés. L’enveloppe globale que notre ville prend en charge s’élève à près de 900 000 d’euros.

Répondre aux besoins sociaux du moment est impératif, préparer l’avenir tout autant. En 2023, nos dépenses d’investissement se sont élevées  à 19,6M€, traduction de notre objectif, sur ce plan de mandat, de la  montée en puissance de nos investissements. Ils sont venus abonder des projets forts comme l’extension des groupes scolaires Guesde et Joliot-Curie, la création de la Maison de l’enfance Anne–Sylvestre, les  débuts d’opération de l’équipement polyvalent du quartier Pyramide, de  la reconstruction de la crèche Graine d’Eugénie et du centre social Roger Vailland, du passage en LED de l’éclairage public, de l’extension du  parc de caméras de vidéo-protection, etc.

Vénissieux avance, Vénissieux investit, en renforçant nos services publics et en faisant preuve de solidarité. Nos finances saines, solides, doivent, comme aujourd’hui, garder cette capacité à dégager des marges de  manœuvre. De quoi sera fait demain ? Qu’en sera-t-il de l’inflation et du coût des matières premières ?

Ces dernières semaines, Bercy a annoncé un tour de vis. Le gouvernement se fixe l’objectif de 20 milliards d’économies en 2025 et ciblent les collectivités locales. Bruno Le Maire a confirmé sa  volonté de limiter les dépenses de fonctionnement des collectivités à – 0,5 % par rapport à l’inflation en 2024. Et la suite ?

A l’heure actuelle, nous savons juste que le ministère de l’Économie a  commandé à la Cour des Comptes, début mars, un rapport spécifique sur les dépenses des collectivités, qu’elle lui remettra en juin. Dans le viseur : à nouveau la réduction des dépenses des collectivités locales.

Pour conclure, rappelons deux vérités aux Vénissians :

  1.  en aucun cas, l’endettement de la France n’est  imputable aux collectivités locales.
  2.  le bloc local a déjà largement participé à la réduction du déficit de  l’État avec, depuis 2010, une ponction de 71 milliards d’euros de sa part sur la dotation globale de fonctionnement (DGF). Un passage en force du gouvernement aurait un impact majeur sur notre rôle d’amortisseur social, en matière d’investissement et d’offre de services publics. L’heure est  bien à la prudence, mais aussi à la mobilisation de chacun pour défendre  l’autonomie et le principe de libre administration des communes.

Je vous remercie.  

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