Conseil municipal – Développement économique & commerces

Accompagner les commerces n’est pas une politique de façade qui masquerait les problèmes de fond du centre-ville.

Intervention de Michèle PICARD, Maire de Vénissieux, Vice-présidente de la Métropole de Lyon, sur le rapport n°15 « DEVELOPPEMENT ECO – Embellissement des enseignes et  devantures des commerces du centre-ville Aide aux commerçants – Approbation de l’inscription de 100 000 euros au  budget supplémentaire 2025. »

La restructuration et redynamisation du centre-ville est engagée.

Elle ne se fera pas du jour au lendemain, mais des jalons forts sont déjà posés. Le projet de territoire de la CTM des Portes du Sud intégrant la restructuration des places Léon-Sublet et Henri-Barbusse a été signé avec la Métropole.

Nous avons instauré un droit de préemption sur les fonds artisanaux, fonds de commerce et baux commerciaux en centre-ville. Un travail est mené conjointement avec la Métropole, notamment avec la SEMPatrimoniale. Le T4, et bientôt le futur T10, qui passera près du centre, devraient eux aussi contribuer à le redynamiser. Enfin, et je crois que c’est très important, notre prochaine Maison des Mémoires Olga Bancic va devenir un équipement structurant autour duquel viendra se greffer une nouvelle animation culturelle, scolaire, du quartier.

Dans de très nombreuses villes en France, les élus font face à une  désertification des centres-villes. De nouvelles habitudes des habitants, l’e-commerce, la proximité de grandes zones commerciales ont modifié en  profondeur la dynamique des quartiers. Et puis, ne trichons pas avec les  mots, il y a aussi la question centrale du pouvoir d’achat. Plus il est élevé et plus les commerces sont rassurés par la perspective de profits rapide.

La délibération de ce soir exprime la volonté de la ville de revitaliser notre centre-ville en soutenant les démarches des commerçants qui souhaitent rénover leurs devantures.

Leur embellissement permettrait de renforcer l’attractivité et le dynamisme de l‘activité commerciale. Il s’agit également d’obtenir une cohérence d’ensemble, de matériaux et de couleurs. Une cohérence qui met en valeur les vitrines et rend plus lisibles les différentes enseignes. Dans ce cadre, notre ville accordera des aides d’un montant maximum de 10 000€ par projet, plafonnée à 50% d’une assiette de dépenses hors taxes relatives à ces travaux de rénovation pour les commerçants qui en feraient la  demande. C’est une mesure incitative qui peut trouver, on l’espère, un écho parmi les commerçants. Ces derniers pourront également être éligibles aux aides que la Métropole de Lyon attribue pour sécuriser les points de vente à hauteur de 5000€ maximum du montant des dépenses engagées.

Ces mesures sont des mesures d’incitation et d’accompagnement des commerces dans leurs démarches d’embellissement. Il ne s’agit pas d’une politique de façade, qui masquerait les problèmes de fond du centre-ville. Le  langage de vérité est le langage que j’ai toujours tenu à l’égard des Vénissians. Je ne suis pas dans le déni ni dans la rumeur. Oui, la précarité, la pauvreté, des personnes en déshérence ou en détresse psychologique explosent à Vénissieux. Comme dans toutes les villes populaires. Les dernières crises en date ont accéléré la bascule de nombreuses personnes, toutes générations confondues, dans la fragilité matérielle et mentale.

A ce sujet, je voudrais répondre aux désinformations que l’opposition répand, sans aucun fondement.

Premier point. Non, il n’y a pas de « haltes soins addictions » à Vénissieux, plus communément et péjorativement appelées salle de shoot. Le dire est une contre-vérité, et continuer de le dire  est tout simplement mensonger. Il n’y en a pas à Vénissieux, ni en Auvergne-Rhône-Alpes, les deux seules existantes sont à Paris et à  Strasbourg. J’ai sollicité il y a un an et demi l’attention des pouvoirs publics, du procureur et du préfet notamment, au sujet de notre centre-ville. J’en ai fait à nouveau cas en décembre. Et je viens de rencontrer la semaine dernière le préfet délégué à la sécurité.

Sous l’effet de mes demandes successives, la Police Nationale va dédier du personnel pour le centre-ville de Vénissieux. Avec des équipages de proximité, en fin d’après-midi notamment. Une brigade de notre police municipale sera déployée elle aussi, spécifiquement sur le centre-ville. Nous  avons durci certains de nos arrêtés pour interdire la vente de boissons alcoolisées à emporter dans certains commerces de 22h00 à 6h00 du matin, source de troubles sur la voie publique, et pour interdire et réprimander la  consommation d’alcool également sur la voie publique.

Parlons aussi du  traitement humain. Car derrière ces personnes en déshérence, il y a des hommes et des femmes, des jeunes, souvent perdus, qui peuvent trouver refuge dans l’alcool ou les stupéfiants.

Dans le cadre de notre plan d’actions lié à notre consultation citoyenne, nous avons amplifié la fréquence des maraudes du CAARUD à destination des consommateurs de drogue. L’objectif est de les engager dans une démarche de  soins. Il y en a désormais 2 à 3 par semaine. Par ailleurs, un autre dispositif  avec des associations spécialisées, à différencier de celui des consommateurs de drogues, sera contractualisé en septembre.

Ce suivi, notamment au centre-ville, ira à la rencontre des personnes en déshérence pour les accompagner vers une prise en charge médico-sociale. Il est le résultat, lui aussi, de notre plan d’actions participation citoyenne.

Il n’y a pas de  quartier de non-droit à Vénissieux. Pas plus qu’il n’y aurait de territoires plus renforcés que d’autres.

En France, si l’on veut répondre sérieusement à la lutte contre les trafics de drogue et l’économie souterraine, l’Etat n’échappera pas à cette priorité absolue d’accorder plus de moyens financiers et humains dans la Police, la Justice et les Douanes.

Je voudrais pour finir rappeler la contradiction majeure, et assez terrible sur le fond, de l’opposition vénissiane. Vous appartenez à la droite libérale, celle qui, depuis Nicolas Sarkozy, a supprimé la police de proximité et fait plonger la Police Nationale dans de grandes difficultés. D’une façon générale et explicite, vous cautionnez la casse des services publics dans leur ensemble et vous vous plaignez par la suite de l’absence d’effectifs ou de la perte de certaines missions régaliennes. Il y a là une contradiction majeure et  une hypocrisie flagrante.

Je vous remercie.

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