Conférence de presse : Égalité femmes-hommes

Aujourd’hui, en cette
date symbolique du 8 mars, la seconde
campagne de collecte de protections menstruelles démarre et se
poursuivra jusqu’au 28 mai prochain, date de la journée mondiale
de l’hygiène menstruelle

A l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, la Métropole de Lyon a lancé mardi dernier la première semaine métropolitaine de l’Égalité, en direction des agents et du grand public. Aujourd’hui, en cette date symbolique du 8 mars, la seconde campagne de collecte de protections menstruelles démarre et se poursuivra jusqu’au 28 mai prochain, date de la journée mondiale de l’hygiène menstruelle. Deux sujets abordés par Michèle Picard lors de la conférence de presse qui s’est tenue en début d’après-midi à Lyon. L’occasion aussi de revenir sur le nouveau plan d’actions métropolitain, 84 actions en faveur de l’égalité Femmes-Hommes adoptées par le conseil de métropole en décembre dernier.

Nous sommes réunis aujourd’hui à l’Hôtel de Métropole, en cette date symbolique du 8 mars. Comme vous l’avez peut-être remarqué dans le hall ou sur cette mezzanine, la Métropole a adopté le code couleur violet de cette journée. Nous avons en effet lancé mardi dernier notre première semaine de l’Égalité métropolitaine en direction de nos agents et du grand public.

  1. La semaine de l’Egalité femmes-hommes

Cette semaine a été portée en interne de façon très volontaire d’abord avec une exposition sur les dates clés de l’Histoire du Droit des femmes, des animations ludiques pendant la pause déjeuner, un dispositif d’animations vidéos avec des jeux de questions-réponses, des témoignages d’agents sur la façon dont ils perçoivent l’égalité femmes-hommes dans leurs missions, mais également une formation pour savoir comment réagir quand on est victime ou témoin de harcèlement de rue.

Nous avons aussi et surtout proposé pendant cette semaine 5 conférences, dont 3 ouvertes à toutes et à tous, qui ont accueillis un public nombreux et enthousiaste ce qui nous conforte dans l’idée qu’il est nécessaire d’offrir des temps de réflexion collective sur cette question de l’égalité femmes-hommes. Et ce, afin de faire progresser notre culture commune en interne mais aussi en externe. Car si l’on veut faire progresser l’égalité, nous ne pourrons pas nous passer de cette étape essentielle qui est de sensibiliser, de montrer, de faire savoir que les inégalités existent et qu’elles reposent sur des faits tangibles, réelles, documentés et objectivés.

Ces conférences se sont donc intéressées à de nombreux sujets : l’impact des stéréotypes sur nos comportements, la question de l’égalité dans l’espace public, la santé des femmes, l’éducation comme levier possible de l’égalité, ou encore à la la question de l’invisibilité des femmes dans l’Histoire … et ont été animées par des conférenciers reconnus pour leur expertise dans leur domaine.

Les thématiques sont malheureusement inépuisables dans le domaine des inégalités femmes-hommes, tout simplement parce qu’elles touchent à tous les secteurs de nos vies personnelles ou professionnelles.

  1. Le plan d’actions égalité femmes-hommes

C’est d’ailleurs le même constat quand on travaille sur l’égalité femmes-hommes dans une Métropole comme celle de Lyon. Pour faire avancer cette égalité, il est nécessaire d’interroger l’ensemble des champs de nos politiques publiques : l’économie, l’urbanisme, la mobilité, la solidarité, l’aménagement la culture, l’éducation …

C’est pourquoi j’ai mis en place dès mon arrivée, une démarche partenariale et transversale pour élaborer notre nouveau plan d’actions métropolitain en faveur de l’égalité femmes-hommes, en associant l’ensemble des mes collègues vice-présidentes et vice-présidents à cette réflexion et en travaillant avec une vingtaine de référents dans l’ensemble des directions de la Métropole.

Je veux d’ailleurs en profiter pour les remercier toutes et tous pour leur investissement.

Le précédent et premier plan d’action, qui contenait 54 actions, prenait fin au 31 décembre 2020 et j’avais donc en charge la construction d’un nouveau plan d’actions pour la période 2021/2023.

Il a été adopté en décembre par le conseil métropolitain. L’objectif étant bien de renforcer le premier plan, mais en faisant bien en sorte de rattacher cette fois l’ensemble des champs de nos politiques publiques. C’est pourquoi ce nouveau plan compte aujourd’hui 84 actions.

Je ne vais pas détailler ici les 84 actions : vous trouverez ces actions dans le document que l’on vous a distribué.

Nous avons organisé ce plan d’actions atour de 3 grandes parties :

  • La première partie réunit les actions permettant une meilleure structuration de notre action (la méthode) ainsi que les actions plus spécifiques de développement d’une culture commune sur le sujet, en interne et en externe.
  • La deuxième partie concerne plus spécifiquement nos actions en matière d’égalité professionnelle, en lien avec notre politique de Ressources humaines.
  • La 3e partie concerne les actions pour favoriser l’égalité femmes-hommes dans nos politiques publiques.

On retrouve donc dans cette 3e partie les actions concernant l’emploi et l’insertion, les coopérations internationales, la culture, le sport et la vie associative, l’éducation, la santé, l’action sociale, le logement, les déplacements, l’aménagement urbain. Mais aussi les vulnérabilités spécifiques aux femmes, celles liées aux violences, celles liées à la grande pauvreté (être une femme est en effet souvent un facteur aggravant) , celles liées au renoncement au soin (les femmes responsables de familles monoparentales oublient ainsi trop souvent de prendre soin de leur propre santé – faisant passer leurs enfants bien avant elles – et ne font pas ou trop tardivement, les démarches médicales de prévention ou de dépistage qui leur permettraient d’éviter des situations médicales plus graves).

Et c’est bien dans le cadre de ce plan d’actions que nous souhaitons travailler sur la question de la précarité menstruelle.

Et j’en arrive donc au 3e point de ce rendez-vous : celui qui concerne la grande collecte de protections menstruelles.

  1. La collecte de protections menstruelles.

Nous avions débuté l’année dernière, en lien avec l’association Règles élémentaires, une première collecte de protections menstruelles, qui nous avait permis de récolter plus de 40 000 dons sur la Métropole de Lyon. Ces dons ont ensuite été redistribués par Règles élémentaires à ses associations partenaires et notamment au Secours populaire ou Gaelis pour le public plus spécifique des étudiantes.

Cette collecte a aussi permis de mettre en lumière, une précarité dont on parle encore trop peu, même si nous avons progressé sur le sujet ces dernières années : celle de la précarité menstruelle qui est schématiquement le fait d’être en difficulté financière pour s’acheter des protections périodiques.

En tant que vice-présidente à l’égalité femmes- Hommes, je ne peux pas rester insensible à cette précarité particulière qui touche spécifiquement les femmes.

Très concrètement on parle ici de filles et de femmes qui s’excluent de toute vie sociale pendant cette période qui dure en moyenne 5 j et se répète tous les mois : elles ne vont pas au collège, au lycée, parfois travailler parce qu’elles n’ont pas les moyens de s’acheter de protections.

Mais on parle aussi de ces femmes qui se fabriquent des protections de fortune, avec ce qu’elles ont sous la main, avec les risques que cela entraine en termes d’infection et de santé notamment. Lutter contre la précarité menstruelle est donc aussi une question de santé publique.

Cela représente près de deux millions de femmes en France !

Car les règles dans la vie d’une femme, ce n’est pas anecdotique. Cela a un coût qui se monte à environ 4000 euros si on ne prend en compte que le prix des protections mais qui peut monter jusqu’à 8000 euros en moyenne si on prend en compte tous les coûts induits (les médicaments pour la douleur, les jours non travaillés, etc….).

Une somme qui n’est dépensée que parce qu’on est une femme ! Pour des raisons uniquement liées à la biologie humaine.

On imagine donc bien combien les femmes à la rue, celle en grande précarité peuvent se retrouver démunies quand il faut choisir entre manger ou s’acheter des protections. Mais cela concerne également de plus en plus les étudiantes. Aujourd’hui une étudiante sur 3 indique avoir des difficultés à s’acheter des protections.

A l’occasion de la journée internationale des Droits des femmes il nous semblait donc important de rappeler qu’un des droits fondamental pour chaque être humain est le droit à la dignité. Et ne pas disposer de protections périodiques touche justement à cette question de dignité.

Cette année nous avons donc souhaité associer plus largement les communes de la Métropole Et nous sommes heureux de voir que la proposition que j’ai faite aux Maires de faire participer leurs communes à la collecte a été très bien accueillie. Nous aurons donc cette année plus de 40 lieux de collectes avec 26 mairies participantes – soit plus du double de mairies par rapport à l’année dernière – Je veux donc remercier ici les maires qui ont répondu présentes et présents.

  • La collecte débute donc aujourd’hui et se prolongera jusqu’au 28 mai (qui est la journée mondiale de l’hygiène menstruelle)
  • Les habitants de la Métropole pourront donc pendant ces presque trois mois, aller déposer les protections périodiques de leur choix dans ces boites à dons. La liste des lieux vous a été distribuée par le service presse.
  • Ces dons seront ensuite redistribués à des associations du territoire partenaires de règles élémentaires (Secours populaire, Croix Rouge, restos du cœur, etc..) mais aussi des associations étudiantes comme Gaelis ou des associations que nous aurons indiquées les mairies partenaires. Il peut y avoir en effet des associations locales qui travaillent avec des femmes en grade précarité qui pourront avoir besoin de récupérer des protections.
  • La liste des destinataires sera donc affinée jusqu’au 28 mai. À cette date nous vous tiendrons évidemment informés des résultats de cette collecte.
  1. La précarité menstruelle chez les jeunes filles et le tabou des règles

Je voudrais enfin finir mon propos avec une expérimentation que nous souhaitons lancer dans une vingtaine de collèges métropolitains autour des premières règles et de la précarité menstruelle des collégiennes.

Un sondage réalisé en mars 2019 (IFOP) montrait que sur les 1653 adolescentes (entre 12 et 19 ans) qui ont été interrogées, 97% d’entre elles considèrent que les protections périodiques coûtent trop cher et près de huit de ces adolescentes sur dix se sont déjà trouvées « en pénurie de protection à l’école », près de la moitié ont déjà été dans cette situation 2 ou 3 fois ; et un quart plus de 5 fois.

Nous manquons aujourd’hui d’éléments statistiques très clairs sur la précarité menstruelle chez les toutes jeunes filles dans les collèges de la Métropole. On sait que des jeunes filles ratent des journées de cours plusieurs fois dans l’année sans que l’on sache exactement pourquoi, mais on peut supposer que pour certaines d’entre elles c’est aussi en raison d’un manque de protections.

Aussi nous souhaitons de façon expérimentale, installer des distributeurs de protections périodiques gratuites pour les collégiennes dans une vingtaine de collèges de la Métropole.

La liste des collèges n’est pas encore définitivement consolidée, nous y travaillons actuellement et reviendrons vers vous le moment venu.

L’objectif est bien de permettre aux collégiennes d’avoir accès gratuitement à des protections et de répondre à la fois à la question du manque de moyens pour acquérir des protections mais aussi répondre aux oublis de protections des adolescentes.

Car ce que nous montrait aussi ce sondage de 2019 c’est que 7 adolescentes sur 10 (67,5%) disent qu’elles « ne sont pas suffisamment à l’aise avec le personnel encadrant et éducatif pour demander de l’aide en cas d’oubli ou de pénurie de protection ». Cela illustre combien les règles sont toujours vécues comme une honte.

Cette spécificité du corps de la femme s’est malheureusement transformée en tabou, et fait de « la gestion » des règles dans la vie d’une jeune fille, un sujet compliqué.

Quelle énergie dépensée chaque mois pour gérer cette période : bien penser à avoir des protections avec soi, penser à bien se changer à temps, passer sa journée avec la peur d’un « petit accident », avoir mal au ventre aussi parfois. Et tout cela avec la crainte que ça se sache ! car toute jeune fille comprend malheureusement très vite qu’il va surtout falloir « que ça ne se sache pas et que ça ne se voit pas » ! 

Et pourtant parler des règles, c’est juste parler d’une réalité physiologique vécu par 50 % de la population. Mais quand on constate qu’il aura fallu attendre 2018 pour qu’une marque accepte de mettre du rouge sur ses serviettes hygiéniques pour illustrer les règles, dans un clip publicitaire, cela n’est pas étonnant.

En tant que vice-présidente en charge de l’égalité Femmes-Hommes, il était donc important pour moi de parler de ce sujet de façon claire, simple, sans tabou. Je suis persuadée que c’est en parlant des règles, en les ramenant à leur réalité physiologique que nous en ferons un sujet ordinaire.

Il y a donc aussi un réel enjeu d’aller à la rencontre des plus jeunes, des collégiennes mais aussi et surtout des collégiens sur ces questions des règles. Il me semble que c’est à cet âge que se jouent les questions de respect, d’interconnaissance de l’autre.

Nous allons donc travailler sur un guide « 1ère règles », que nous distribuerons aux collégiennes et collégiens, en lien avec nos centres de planification et d’éducation familiale (CPEF) et qui expliquera aux filles et aux garçons ce que c’est, de façon simple, pédagogique. C’est en démystifiant le sujet, en montrant simplement de quoi il s’agit, que nous participerons, je le crois, à la levée des tabous, des idées reçues et des préjugés. Cela permettra assurément aussi de parler plus globalement des différences entre les filles et les garçons, d’ouvrir la discussion sur le corps, la sexualité, etc.

Nous vous tiendrons évidemment informés de l’avancée de ces projets dans les prochaines semaines.

Je vous remercie.

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