La généralisation des distributeurs de protections périodiques à l’ensemble des collèges de la Métropole
Je suis heureuse d’être parmi vous aujourd’hui pour annoncer la généralisation de distributeurs de protections menstruelles à l’ensemble des collèges de la Métropole. Je veux remercier Madame la principale et son équipe pour leur accueil et l’inspection académique pour leur présence et leur soutien dans la réalisation de ce projet.
Nous concrétisons toutes et tous ensemble aujourd’hui, en cette journée mondiale de l’Hygiène menstruelle, un projet initié il y a deux ans environ et que j’avais annoncé le 8 mars 2022 en écho à la grande collecte de protections menstruelles que nous organisons depuis 4 ans pour mettre en lumière et lutter contre la précarité menstruelle. Je dois dire que pour lutter contre cette précarité spécifiquement féminine, j’ai obtenu un véritable soutien de la part du Président de la Métropole, Bruno Bernard, qui m’a laissé carte blanche pour porter les projets dans ce domaine et notamment celui qui nous réunit aujourd’hui. Je tiens donc sincèrement à le remercier aujourd’hui.
Car la précarité menstruelle a au moins deux conséquences inacceptables qui touchent chacune à ce droit fondamental qui est le droit à la dignité.
Comme toute précarité, elle crée d’abord une nouvelle forme d’exclusion. Pendant leurs règles, des femmes et des jeunes filles s’excluent parfois de toute vie sociale, ce qui est susceptible d’affecter leur santé psychologique et de conduire à un isolement social. Faute de pouvoir vivre leurs règles dignement, de nombreuses personnes concernées par la précarité menstruelle renoncent à leurs activités sociales habituelles plusieurs jours par mois. Elles préfèrent ainsi rester chez elles plutôt que d’être confrontées à des émotions négatives difficiles à vivre dans l’espace public (crainte de la tâche et du regard des autres, perte d’estime de soi, sentiment d’injustice etc.).
Cet isolement s’avère particulièrement préoccupant chez les jeunes, puisque la précarité menstruelle constitue aujourd’hui une cause importante d’absentéisme scolaire. Selon le gouvernement, tel que mentionné dans un communiqué de presse de 2021, 130 000 jeunes filles manquent régulièrement les cours, par manque de protections périodiques en quantité suffisante. De façon évidente, la précarité menstruelle porte atteinte non seulement à la dignité, mais aussi à l’égalité des chances.
Ensuite, cette précarité menstruelle, leur fait également courir des risques pour leur santé physique lorsqu’elles se retrouvent contraintes à fabriquer des protections de fortune, avec ce qu’elles ont sous la main, journal, mouchoirs en papier, tissu etc…avec les risques que cela entraine en termes d’infections !
Aujourd’hui la période des règles est vécue encore par trop de jeunes filles et de femmes comme un moment dont on a honte. Et pourtant parler des règles, c’est juste parler d’une réalité physiologique vécu par 50 % de la population. C’est effectivement parler du corps féminin. En parler c’est reconnaitre cette spécificité, ce qui est un pas supplémentaire pour qu’elle soit enfin acceptée dans sa globalité.
Car on ne s’en doute pas toujours, mais la « la gestion » des règles dans la vie d’une jeune fille, est un sujet encore compliqué. Quelle énergie dépensée chaque mois pour gérer cette période : bien penser à avoir des protections avec soi et à bien se changer à temps, passer sa journée avec la peur d’un « petit accident », avoir mal au ventre aussi parfois. Et tout cela avec la crainte que ça se sache ! Car toute jeune fille comprend malheureusement très vite qu’il va surtout falloir « que ça ne se sache pas et que ça ne se voit pas » ! Il y a donc aussi un réel enjeu d’aller à la rencontre des plus jeunes, des collégiennes mais aussi et surtout des collégiens sur ces questions des règles.
Il me semble que c’est à cet âge que se jouent les questions de respect, d’interconnaissance de l’autre. En leur parlant sans tabou des règles, en expliquant aux filles et aux garçons ce que c’est, de façon simple, pédagogique, nous participerons à la levée des tabous, des idées reçues et des préjugés. Cela permettra assurément aussi de parler plus globalement des différences entre les filles et les garçons, d’ouvrir la discussion sur le corps, la sexualité, etc …
Nous sommes persuadés que c’est en parlant des règles, en les ramenant à leur réalité physiologique que nous en ferons un non sujet. C’est pour cela que nous avons lancé cette expérimentation de distributeurs de protections menstruelles gratuite dans 21 collèges de la Métropole, en accompagnant cette installation d’un livret intitulé « tout ce que tu as toujours voulu savoir sur les règles sans avoir peut-être jamais avoir osé le demander » ; que vous pouvez consulter aujourd’hui.
Nous souhaitions alors répondre à la fois à la précarité de certaines collégiennes, à l’oubli de protections et au stress qui va avec et affirmons qu’il n’y pas de tabou à parler ou à s’informer sur les règles. C’est un projet qui me tenait à cœur et nous sommes heureux qu’il soit généralisé à l’ensemble des collèges de la Métropole dès la rentrée prochaine, suite au bilan très positif de l’expérimentation menée. Nous espérons qu’il apportera du confort aux collégiennes concernées et que le guide permettra d’amorcer une discussion sur le sujet avec les filles et les garçons.
La collecte de protections menstruelles
A l’occasion de la journée mondiale de l’hygiène menstruelle, il est également important de rappeler que l’un des droits fondamentaux pour chaque être humain est le droit à la dignité. Et ne pas disposer de protections périodiques touche justement à cette question de dignité.
Ainsi, nous avions débuté en 2021, en lien avec l’association Règles élémentaires, une première collecte de protections menstruelles, qui nous avait permis de récolter plus de 40 000 dons sur la Métropole de Lyon. Ainsi, comme chaque année, la proposition que j’ai faite aux Maires de faire participer leurs communes à la collecte a été très bien accueillie, puisque nous avons eu cette année 32 lieux de collectes avec 24 mairies participantes – Je veux donc remercier ici les maires qui ont participé à cette nouvelle collecte.
Nous espérons que la collecte qui se termine aujourd’hui et dont les dons sont en cours de décompte sera, cette année encore, un succès. Ces dons seront ensuite distribués par Règles élémentaires à des associations partenaires locales comme le Secours populaire (dont vous pourrez découvrir le témoignage dans la diffusion d’une vidéo).
Le bilan du plan d’actions égalité femmes-hommes 2021-2023
Ces deux actions autour de la précarité menstruelle s’inscrivent dans un continuum d’actions égrenées par la Métropole tout au long de l’année dont nous vous proposons de partager le bilan ainsi que les perspectives par la distribution d’un fascicule qui en illustre bien d’autres.
L’égalité femmes-hommes est la base de l’égalité dont découlent toutes les autres. C’est pourquoi ce plan 2021-2023 en cours de renouvellement pour trois nouvelles années concernait tous les domaines d’intervention de la Métropole mais également son engagement pour l’égalité professionnelle entre ses agents et agentes. Sur 84 actions, 69 sont réalisées ou en cours de réalisation. C’est une grande avancée pour laquelle je remercie tous les contributeurs et contributrices.
Mais, en matière de droits comme en matière d’égalité femmes-hommes, rien n’est jamais acquis malheureusement. C’est pourquoi, dans le nouveau plan 2024-2026 en cours d’élaboration, nous continuerons d’interroger l’ensemble des champs de nos politiques publiques : l’économie, l’urbanisme, la mobilité, la solidarité, l’aménagement la culture, l’éducation …pour aller vers toujours plus d’égalité.
Je vous remercie.