Conférence de presse de rentrée 2022

La première pierre collective, c’est de rétablir une fiscalité juste et solidaire, car c’est elle qui responsabilise chaque citoyen, et notamment les plus riches

En cette fin de matinée, j’ai tenu ma conférence de presse de rentrée. L’occasion d’évoquer l’actualité nationale et vénissiane. Dans un contexte préoccupant et sans précédent, notre plan de mandat continue d’avancer, et il avance bien ! Avec l’ensemble de l’équipe municipale, nous porterons une attention toute particulière aux familles vénissianes et aux personnes fragilisées, confrontées à de multiples crises.

A la sortie d’un été de crises énergétique, environnementale et géopolitique, Emmanuel Macron a évoqué la fin de l’abondance et de l’insouciance. Le choix de ces mots est, je le crois, maladroit, voire déplacé.

Car qui, en France, vit dans l’abondance depuis 20 ans, depuis que le système libéral et financier provoque des séismes à répétition ? Le monde ouvrier, dont l’outil de production est délocalisé et sabordé vers le moins-coûtant ? Les étudiants, qui basculent en nombre vers la précarité ? Les personnes âgées, qui peinent à se chauffer, à s’alimenter correctement, à se soigner ? La très grande majorité des salariés qui ne parviennent pas à boucler les fins de mois ? Les familles modestes, en quête d’un toit pour se loger ?

Non, l’abondance a été réservée aux actionnaires et aux dividendes.

Pendant la crise du Covid, le CAC 40 s’est bien porté : 120 milliards d’euros en 2021 ! Entre le premier semestre 2021 et le premier semestre 2019, une augmentation des profits de 41% ! La fortune des milliardaires en France est passée de 249 milliards en 2020 à 492 milliards en 2021. Entre parenthèses, les 10 % les plus aisés émettent cinq fois plus de carbone que la moitié la plus pauvre des Français.

Abondance, insouciance, il y a une forme d’indécence dans l’emploi de ces termes, voire d’impunité des plus riches, au-dessus de tout et notamment de l’urgence climatique, depuis que le gouvernement Macron a supprimé l’ISF. Mais ces mots et ce discours culpabilisant à l’adresse de chacun de nous et des classes populaires ne sont pas gratuits. Ils annoncent l’austérité à grande échelle pour les travailleurs, les salariés et une très grande partie des Français.

On est en droit d’attendre et d’exiger une autre orientation.

La première pierre collective, c’est de rétablir une fiscalité juste et solidaire, car c’est elle qui responsabilise chaque citoyen, et notamment les plus riches, face aux défis immenses qui nous attendent et qui concernent nos enfants.

Or jamais elle n’a été aussi inégalitaire, offrant un bouclier à ceux qui possèdent le plus et ponctionnant ceux qui ont le moins.

Arrêtons d’exonérer de toute contribution les nantis et les multinationales, taxons les superprofits à hauteur des sommes générées, la plupart indécentes.

C’est ce signal-là qu’Emmanuel Macron aurait dû envoyer, car le signal doit venir d’en haut, car la mobilisation de tous doit être engagée à hauteur des moyens des uns et des autres, à proportion égale. Au lieu d’adresser un message culpabilisant, adressons un message de solidarité nationale.

Et cette rentrée nous offre le spectacle inverse.

Il manque ainsi 4000 enseignants pour garantir une bonne rentrée à tous les élèves. Pourquoi ? Parce que depuis 20 ans, les métiers de l’Education Nationale ne sont pas valorisés, voire même, sous certains gouvernements, dénigrés. Résultat : on forme des contractuels en quatre jours, comme si la pédagogie et l’enseignement face à des classes s’apprenaient en quelques heures. C’est inadmissible. Ce ne sont pas les jeunes qui se détournent de ces filières, mais bien l’État qui a tout fait pour les rendre moins attractives. C’est le copier-coller de l’hôpital public, qu’on laisse dépérir en supprimant les lits et les subventions publiques et auquel on demande d’appliquer les règles du privé, de rentabilité, de concurrentiel, de gains et de profits. Au final, dans un cas comme dans l’autre, le libéralisme nous mène au crash.

Et pendant ce temps-là, les Français font face à une inflation qui plombe leurs budgets. Les prix à la pompe déjà. Les ventes de fournitures scolaires à fin juillet ont augmenté de 5,9 % par rapport à 2021. Les prix de certaines denrées alimentaires de première nécessité se sont envolés de 15 à 30% en un an. En moyenne, les pâtes : + 15,31 % ; viandes surgelées : + 11,34 % ; poissons frais : +15% ; farines : + 10,93 % ; les huiles : + 9,98 %, etc. Face à cette réalité, les maires jonglent et s’adaptent pour ne pas répercuter l’inflation sur les tarifs des cantines scolaires.

Pendant la campagne présidentielle, Emmanuel Macron avait annoncé que les collectivités devraient faire des économies à hauteur de 10 milliards d’euros d’économies pendant le quinquennat. Mais Bercy va plus loin en demandant aux collectivités une baisse des dépenses de fonctionnement de 0,5%, soit au total 900 millions d’euros sans tenir compte de l’inflation. Le contrat de Cahors imposait une limite des hausses des dépenses de fonctionnement, aujourd’hui l’Etat passe la vitesse supérieure et exige carrément leur baisse.

Un objectif intenable, disons-le clairement, alors que nous devons absorber en partie la revalorisation du point d’indice, faire face à l’explosion des tarifs énergétiques et répondre à l’urgence sociale des habitants, frappés de plein fouet par l’enchaînement de crises toujours plus violentes. Les incertitudes sur nos finances locales pèsent donc à court ou moyen terme.

Dans un contexte préoccupant et sans précédent, notre plan de mandat continue d’avancer, et il avance bien !

Avec l’ensemble de l’équipe municipale, nous porterons une attention toute particulière aux familles vénissianes et aux personnes fragilisées, confrontées à de multiples crises, dont la crise énergétique qui s’annonce cet hiver. Un devoir de vigilance s’impose à nous et à chaque citoyen que nous sommes à l’égard des personnes isolées.

Je commencerai l’actualité de la rentrée à Vénissieux par deux nouveautés.

Le premier Forum des Associations se tiendra dans deux jours. Nous l’avons associé à l’accueil des nouveaux habitants de façon à qu’ils découvrent notre ville dans son organisation, son administration et dans la diversité de ses animations à travers son formidable vivier associatif.

La deuxième nouveauté, c’est le forum « Rendez-vous avec ma santé » que nous allons organiser les mardi 22 et mercredi 23 novembre, salle Joliot-Curie.

Ce temps fort s’inscrit dans la continuité du travail de la Ville en matière de prévention, de sensibilisation et d’accès aux soins et à la santé. Nous avons voulu élargir cette thématique à un public plus large, la globaliser car les inégalités là encore se creusent entre ceux qui peuvent se soigner et ceux qui en reportent la nécessité, dont de nombreux jeunes et étudiants. La crise sanitaire a révélé de profondes fractures territoriales, or la santé est notre bien commun. Depuis 2016, le forum de prévention contre les addictions a eu une forte résonance, notamment dans les établissements scolaires et auprès des jeunes. Pour toucher un public plus large, dont les adultes et les familles, le nouveau forum mis en place déclinera plusieurs temps forts : les gestes citoyens, collecte de sang et dépistages ; l’accès aux droits et aux soins ; la prévention des addictions et des conduites à risque ; la santé des femmes. L’ancrage que nous avons choisi est celui de la proximité, du quotidien, des difficultés rencontrées par les habitants mais aussi des bilans que l’on peut tirer de certaines expériences. La programmation de « Rendez-vous avec ma santé » a donc été élaborée avec les acteurs du territoire œuvrant dans le champ de la santé afin d’échanger avec les Vénissians et les Vénissianes.

Sur le fond, cette manifestation rejoint les dispositifs de proximité que nous avons mis en place comme l’expérimentation Territoire zéro non-recours au Moulin-à-Vent, l’accueil de jour médicalisé Résidence Ludovic Bonin, le Contrat Local de Santé ou encore l’aide au paiement des frais de santé par exemple. La santé, physique, mentale, est un enjeu majeur dans les villes populaires, et nous en avons fait une priorité.

Autre cœur de bataille, l’emploi, l’insertion, la formation.

Notre Ville n’a pas vocation à se substituer à la loi, au marché ou à Pôle Emploi, mais elle doit contribuer dans la limite de ses compétences à la lutte contre le chômage, très marqué dans les quartiers populaires. Il faut actionner tous les leviers. Une antenne de proximité de la Maison Métropolitaine pour l’insertion à l’emploi va ouvrir au sein de l’AFPA. Par ailleurs, nous avons tenu fin juin les 1ères Assises de l’Insertion. Nous œuvrons aussi pour remettre en selle les publics éloignés, notamment ceux que l’on appelle les Invisibles. Des expériences comme le Territoire Zéro Chômeur Longue Durée sont menées à Vénissieux.

Je rappelle que la ville de Vénissieux a été labellisée Cité de l’emploi à l’été 2021, pour une durée de deux ans. Le pilotage est mené par la Ville et la Préfecture. Les publics concernés sont les familles monoparentales, sans emploi, résidentes des trois quartiers politique de la ville, soit environ 700 personnes. Nous allons d’ailleurs faire un point d’étape un an après la labellisation et valider les orientations pour la 2ème année.

La liste de toutes les actions que nous menons serait trop longue mais nous sommes très mobilisés avec l’ensemble de nos partenaires alors que les crises sanitaire, économique, énergétique s’additionnent. Il faut donc agir, encore et encore, et ne jamais céder à la fatalité, c’est notre credo !

Au regard de la situation nationale, la rentrée scolaire s’est bien passée à Vénissieux. Chaque classe a eu son enseignant, mais nous serons vigilants tout au long de l’année sur ce point ainsi que sur les remplacements. Nos effectifs (élémentaires et maternelles) sont en légère baisse, nous comptons environ 3900 élèves en maternelle et environ 5300 en élémentaire. Il est important de signaler aux familles que les tarifs de cantine n’augmenteront pas, malgré la très forte inflation des denrées alimentaires que notre ville absorbera pour faire bouclier.

Nous continuons de poursuivre nos travaux afin d’adapter nos établissements scolaires au réchauffement climatique avec des opérations de végétalisation et réfection des cours. A ce sujet, la semaine du Développement Humain Durable va s’ouvrir du 19 au 23 septembre. Et puis on se projette déjà en 2023 avec la poursuite des travaux d’extension de l’école Jules Guesde et la nouvelle Maison de l’Enfance Max Barrel.

Ambition de notre PEDT, des temps périscolaires ouverts au sport, à l’apprentissage, aux disciplines artistiques, ambition de nos investissements en matière d’équipements, Vénissieux reste la ville des possibles pour chaque enfant.

Ces possibles dont je parle, ils vont s’étoffer dès demain avec l’inauguration du terrain de futsal extérieur à Delaune. Outre les licenciés et sportifs, l’enceinte profitera aux scolaires (collèges et élémentaires), aux enfants inscrits aux Centres sportifs du Mercredi et aux adolescents des EPJ, centres sociaux, de loisirs, Maison de quartier.

L’intérêt général a là encore primé, tout comme il primera dans les études de conception en cours du prochain équipement polyvalent Pyramide, qui comprendra une bibliothèque tout public, un EPJ et un pôle ressources numériques.

En termes de citoyenneté, les 10 ans du CME, que nous fêtons cette année, sont un marqueur de notre attachement à l’émancipation de l’enfant et à son apprentissage des règles démocratiques. Une nouvelle promotion du Conseil Municipal Enfants sera élue en octobre. Ces 10 ans ne sont pas anecdotiques. Ils s’inscrivent dans une démarche de rénovation et d’approfondissement des politiques de proximité, d’implication des habitants dans la vie de Vénissieux auxquelles les assemblées générales des conseils de quartier en octobre et novembre prochains vont contribuer.

J’insiste sur ce point : une ville se bâtit avec les habitants et j’invite les Vénissians à participer aux concertations qui ont lieu au sujet de la ligne de tramway T10, dont le prochain aménagement du square Gerin fait partie.

Cet automne, le Puisoz-Grand-Parilly va connaître un nouveau coup d’accélérateur. Avec l’ouverture de nombreux commerces (Ninkasi, Carrefour City, Boulangerie Janna, institut de beauté Carlance) et la livraison de l’hôtel EKLO de 111 chambres. Avec l’arrivée de logements locatifs sociaux, intermédiaires et en accession, ce quartier de vie que nous souhaitions voir émerger prend forme.

En termes de sécurité enfin, de nouveaux dispositifs ont été mis en place cette année avec nos partenaires, la police nationale, la justice, les bailleurs, les acteurs de la santé. Signé fin décembre 2021, le protocole de mise en œuvre d’une politique pénale de proximité contre les incivilités en est un exemple marquant. De son côté, la Ville poursuit ses efforts en termes de vidéosurveillance. 24 caméras supplémentaires sont en cours d’installation, étendues notamment à de nouveaux quartiers.

D’autres initiatives suivront cet automne comme la signature avec la Police Nationale, la Préfecture et le Procureur de la nouvelle stratégie territoriale de sécurité et de prévention de la délinquance. Il s’agit d’un plan d’actions pour répondre aux problématiques de sécurité et tranquillité publiques à Vénissieux : prévention de la délinquance chez les jeunes ; incivilités du quotidien ; violences intrafamiliales, etc. Je tiendrai au courant la presse et les médias, à l’occasion de cette signature.

Etre réactifs, avancer, innover, nos services publics de proximité, quel que soit le domaine, montrent leur efficacité et leurs savoir-faire en cette rentrée 2022.

Un mot pour finir cette conférence.

Je souhaite remercier les services de la ville qui ont œuvré et œuvrent encore après les intempéries et le violent orage du 17 août. Ils ont rendu possible la rentrée à l’école Charles Perrault tandis que la réouverture au public de la Médiathèque est prévue début novembre. Les activités de l’équipement ont été déployées sur l’ensemble des bibliothèques de quartier.

Voilà pour ce panorama de rentrée à Vénissieux, je me tiens à votre disposition pour répondre le cas échéant à vos questions et je vous remercie.

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