Vendredi après-midi, j’ai retrouvé les séniors de notre ville pour la clôture de la semaine bleue. Nous nous battons pour une vie digne, pour la place et le respect que l’on doit à nos aînés. Ce combat est l’affaire de tous, il engage le vivre ensemble, le faire ensemble et la solidarité des uns envers les autres.
C’est la première fois que l’on se retrouve à la clôture de la semaine bleue, et non à son ouverture. Le télescopage entre les calendriers de la Métropole et la Ville de Vénissieux ne laisse parfois pas le choix. Mais que ce soit au début ou à la fin, c’est toujours avec un plaisir intact que l’on se retrouve. Le plaisir de générations différentes à l’écoute les unes des autres, le plaisir du partage d’un moment convivial et citoyen, le plaisir de la reconnaissance à nos aînés.
Je tiens à ces moments de partage comme je tiens à cette notion de respect et d’entraides entre les générations, indispensables si l’on veut faire société et vivre ensemble.
Cette année, la semaine bleue a été placée sous le signe de la flamme olympique, de la mobilité et du sport. La notion de 3ème âge a évolué dans notre société et dans notre ville, dans nos regards aussi. La vie des plus de 65 ans n’est plus statique, comme on avait tendance à se la représenter, mais dynamique et en mouvement.
C’est un changement de paradigme complet pour les collectivités locales qui doivent être en mesure de répondre à ces nouvelles attentes, à ces nouveaux besoins. Dans ce cadre-là, l’OMR, dont nous avons fêté les 40 ans l’année dernière, est un précieux outil. Des animations culturelles aux cours d’aquagym, des sorties à la journée aux repas dansants, le choix est large. Car les attentes et les centres d’intérêt d’une personne de 65 ans ne sont pas les mêmes que ceux d’une personne de 80 ans. Il faut donc s’adapter à chaque public.
Cette année, la semaine bleue a été marquée par deux initiatives singulières au stade Laurent Gerin : le Challenge Senior, manifestation régionale organisée par l’OMS et les Jeux du stade et une animation conviviale et dynamique menée par les centres sociaux et l’OMR.
Vénissieux est devenue ainsi la première ville à proposer une action grand public dans le cadre d’une initiative régionale réservée aux sportifs OMS de la région. Là encore, le sport pour tous n’est pas ou n’est plus une question d’âge et de nombreux retraités s’y adonnent avec régularité. C’est une bonne nouvelle tant sport et santé sont liés.
Le succès des activités proposées par l’OMR, comme la marche nordique, l’aquabike, exprime ce besoin de pratiquer des disciplines physiques. Parmi les thématiques de cette semaine bleue, la journée consacrée à la mobilité s’inscrit dans cette dynamique de mouvement, de déplacements dont le 3ème âge a besoin pour partager des activités culturelles, ludiques ou de loisirs.
Ces rendez-vous et ces thématiques, qui lient l’utile au convivial, illustrent la place fondamentale que notre ville attribue à nos aînés : une place à part entière, au même titre que toutes les autres générations, une place citoyenne, dans nos conseils de quartier par exemple, dont les assemblées générales ont commencé, une place de choix, partagée et accessible, dans tous nos équipements publics. Bien sûr, d’autres thématiques essentielles auraient pu être développées.
L’accès au logement, l’accès aux droits, que beaucoup de personnes, jeunes ou âgées, ignorent, la fracture numérique qui, pour des habitants peu initiés aux nouvelles technologies ou démunies de matériels informatiques, constitue un obstacle majeur dans les démarches dématérialisées. Et puis bien sûr, il y a la santé et le maintien à domicile. Notre ville agit avec force, et je remercie les très nombreux partenaires associatifs, institutionnels et l’ensemble de nos services municipaux pour l’organisation de notre semaine bleue.
Oui, notre ville agit. Politiquement déjà, à l’image de notre combat couronné de succès pour la non-fermeture de l’Hôpital des Portes du sud et de ses activités. Il faut se battre pour l’accès aux soins et la santé pour tous, voilà le résultat désastreux des politiques libérales menées par les différents gouvernements. Action de notre ville dans le quotidien également avec le déploiement de nos services publics de proximité.
Le Service de soins infirmiers à domicile en 2023, c’est quasiment 15 000 interventions en moyenne auprès de quelque 42 patients suivis. Service d’aides à domicile : 11 872 heures d’interventions auprès de 94 usagers suivis. Portage des repas en 2023 : 20 300 repas livrés auprès d’environ 84 bénéficiaires, auxquels il faut ajouter plus de 10 783 repas servis dans nos deux résidences et 3 789 repas au restaurant Moulin à vent en 2023.
Briser l’isolement, exacerbé par la crise sanitaire, fait partie de nos priorités. Par ailleurs, notre cellule de veille sanitaire et sociale a été mise en place en avril 2021 conformément aux engagements du plan de mandat.
Son objectif est de mieux coordonner entre partenaires les situations problématiques des personnes âgées en difficulté pour lesquelles le CCAS est saisi en leur proposant une solution adaptée. Vigilance également lors des périodes de canicule : il y en a eu deux cet été et plus de 1400 contacts ont été effectués.
Qu’on ne se trompe pas, le 3ème âge est le défi de société qui nous attend, lié entre autres à l’allongement de la durée de vie.
Vénissieux reste une ville jeune, elle voit néanmoins sa population plus âgée augmenter : concernant les seniors, on peut distinguer les 60/74 ans dont la population reste stable depuis 1999, et les personnes de plus de 75 ans, dont le nombre a plus que doublé sur la même période. En France en 2030, un Français sur trois aura plus de 60 ans et les plus de 65 ans seront plus nombreux que les moins de 15 ans, pour la première fois. On mesure toutes les conséquences de cette bascule. Il va falloir prendre les choses à bras le corps et exiger une loi « Grand Âge » le plus vite possible.
Cette loi, attendue depuis plusieurs années, est constamment repoussée ou mise de côté. Il n’y a pourtant pas de temps à perdre. La loi « Bien vieillir », adoptée avant la dissolution, n’est pas suffisante. Elle a pour vocation de renforcer la politique de prévention de la perte d’autonomie et de lutter contre l’isolement, mais à ce jour, la prise en charge concrète du grand âge, avec bien sûr la question de la perte d’autonomie, n’est toujours pas actée. Car il faudra que la solidarité nationale la finance, et pas le recours au privé, qui générerait des inégalités profondes entre les personnes âgées.
L’effort devra être d’ampleur, de près de 10 milliards d’ici 2030. Aujourd’hui, qu’entend faire le gouvernement Barnier à ce sujet ?
Nous n’avons aucune réponse. Mais plus nous tarderons, et plus difficultés vont être profondes. Le pouvoir d’achat des retraités s’est effondré avec la hausse de l’inflation. Ça touche l’alimentation, le logement, le chauffage aussi, partout, il faut faire des économies drastiques. Cette précarité du 3ème âge se retrouve dans les chiffres de l’Insee : la pauvreté gagne du terrain, elle touche 15,6% des moins de 65 ans et 6,1% des 65-74 ans.
En repoussant l’âge légal de la retraite à 64 ans, la réforme d’Emmanuel Macron, passée au forceps contre l’avis de tous les syndicats, va aggraver une situation déjà alarmante, en pénalisant plus particulièrement les femmes. Et ce n’est pas le gouvernement qui devra faire face à cette précarité grandissante, mais les collectivités locales dans nos services sociaux comme sur le terrain. Dans un pays comme la France, de telles injustices sont inacceptables.
La semaine bleue s’achève, mais d’autres moments forts nous attendent. La distribution des colis de fin d’année le 5 décembre – 4120 ont été distribués en 2023 – et nos repas de fin d’année, le week-end du 30 novembre. Nous nous battons pour une vie digne, pour la place et le respect que l’on doit à nos aînés. Ce combat est l’affaire de tous, il engage le vivre ensemble, le faire ensemble et la solidarité des uns envers les autres. Il conditionne l’avenir de notre société et de nos villes. Je vous remercie et vous dis à bientôt pour les fêtes de fin d’année.