Accompagnement des femmes en matière de santé – Conférence

Il est important de continuer d’innover pour que toutes les femmes accèdent à des soins qui prennent en compte les spécificités de leur santé.

Michèle PICARD, Maire de Vénissieux, Vice-présidente de la Métropole de Lyon, a introduit la conférence sur l’accompagnement des femmes en matière de santé, dans le cadre des Journées de l’Egalité. L’occasion de rappeler les spécificités genrées dans le champ de la santé et la nécessité de leur prise en compte.

Je suis très heureuse d’être parmi vous pour introduire la conférence de  la  4e édition des Journées de l’Égalité femmes-hommes organisées par la  Métropole de Lyon. Je suis heureuse surtout de vous voir si nombreuses et  nombreux !

Lors de cette édition 2025, afin de mieux faire connaître les actions de la  Métropole en matière d’accompagnement médico-social dédié aux  femmes, nous irons à la rencontre des habitantes et habitants du territoire sur plusieurs marchés. Des interventions auront également lieu auprès des jeunes dans les collèges de la Métropole.

Les inégalités de genre dans la santé, un enjeu majeur

Et ce soir, nous sommes réunis afin d’aborder les inégalités de santé. Celles auxquelles les femmes sont confrontées, et les solutions mises en œuvre ou  envisagées pour mieux les accompagner. Car comme dans bien d’autres domaines, les femmes n’ont pas un égal accès aux soins et à la prévention.

J’aimerais tout d’abord citer l’activité physique régulière comme un  enjeu de santé publique. Elle « facilite la prévention et la prise en charge des maladies non-transmissibles, telles que les maladies cardiaques, les  accidents vasculaires cérébraux, le diabète et plusieurs cancers », selon  l’OMS.

Or, si près de 9 femmes sur 10 considèrent le sport comme un atout pour  améliorer leur bien-être physique et mental, 38% des Françaises, ne pratiquent pas ou très rarement de sport. Car le passage à l’action n’est  finalement pas si simple.

Outre le manque de motivation, plusieurs facteurs représentent des freins à la pratique sportive dans la vie des femmes. Par exemple, les contraintes de temps liées à la vie professionnelle et familiale et son coût. Rappelons que les femmes continuent de consacrer en moyenne plus de temps que les hommes aux tâches ménagères et parentales.

Pourtant, un élément clé mis en lumière par plusieurs études est  l’incidence de l’encouragement à l’exercice physique dès l’enfance. C’est pourquoi, nous pensons les espaces publics (îlots sportifs, conception des collèges, etc…) et le versement de nos subventions (notamment aux clubs sportifs) en tenant compte du genre. Afin qu’ils bénéficient de manière plus égalitaire aux femmes.

Nous proposons également une campagne d’affichage disponible sur  notre site pour inciter au sport et se défaire des stéréotypes. Elle est intitulée : «  Ma pratique n’a pas de genre ».

L’influence du genre est un facteur d’inégalité entre les femmes et  les hommes dans la santé.

Chez les malades tout d’abord. Les codes sociaux liés aux genres féminin et masculin influencent l’expression des symptômes, le rapport au corps, le recours aux soins. Chez les personnels soignants, aussi. Les  préjugés liés au  genre sont susceptibles d’influencer l’interprétation des signes cliniques et la  prise en charge des pathologies.

Pour exemple, l’hystérie reste intimement liée à l’histoire du rapport des femmes à la médecine. Elle a trop longtemps été considérée comme un diagnostic officiel dans l’histoire du traitement de la santé des femmes. Ce  concept pourtant très tôt condamné, a rejeté les femmes dans une errance diagnostique. Le  préjugé de l’hystérie demeure encore prégnant aujourd’hui. Dans la manière dont beaucoup de femmes sont traitées lors d’une consultation médicale. Et surtout dans le vocabulaire courant des hommes.

À cela, s’ajoutent les conditions de vie, sociales et économiques. Elles exposent différemment les femmes et les hommes à des risques de  santé. Les femmes sont touchées de plein fouet par la précarité  puisqu’elles constituent 70 % des travailleurs pauvres. 70 % des travailleurs précaires. Elles occupent 79,5 % des emplois à temps partiel et 60,9  % des  emplois non qualifiés. Et tout cela sans même mentionner les écarts de  salaire par rapport aux hommes pour un poste comparable. Par  ailleurs, elles représentent 82 % des chefs de familles monoparentales, dont un  tiers vivent sous le seuil de pauvreté. Rien d’étonnant à ce que 64  % des  personnes qui renoncent aux soins dans notre pays soient donc des femmes…

J’en profite pour mentionner que si vous souhaitez nous aider à lutter contre la précarité menstruelle, nous organisons une grande collecte de produits de protections périodiques jusqu’au 28 mai dans toute la Métropole.

Depuis plusieurs années, elle a permis de redistribuer près de  130 000 produits aux  femmes les plus vulnérables.

La précarité impacte aussi le parcours de soins, avec un diagnostic à un stade plus tardif. Il est ainsi démontré que les femmes précaires présentant un cancer du sein ont plus de risques d’être diagnostiquées à un  stade avancé.

À cet égard, la fermeture d’hôpitaux notamment dans les zones rurales, éloigne encore un peu plus les femmes d’un diagnostic et d’un traitement.

Au travail, on observe par ailleurs une nette augmentation des accidents du travail et des maladies professionnelles pour les femmes.

C’est pourquoi, il est important d’organiser des temps de prévention comme nous l’avons fait ce matin pour présenter à nos agentes, les symptômes différents pour les femmes très peu communiqués en matière de maladies cardio-vasculaires.

Les femmes sont aussi surexposées aux violences sexistes et sexuelles qui dégradent leur état de santé. Quand cela ne les tue pas tout  bonnement. Il est donc impératif de prévenir ces violences et d’accompagner au mieux les victimes. Comme c’est le cas au sein de la  Maison des Femmes de Lyon, notamment soutenu financièrement par la  Métropole de Lyon.

Enfin, les recherches cliniques et biomédicales sont imprégnées de  stéréotypes liés au sexe. Elles peuvent induire des biais dans les expérimentations et les applications médicales quand elles sont réalisées. La santé des femmes doit ainsi occuper une place plus importante dans la  recherche, le soin et l’enseignement.

Profond vecteur d’inégalités, les spécificités liées au genre en matière de santé sont restées pendant longtemps taboues et ignorées.

Malgré des évolutions à saluer ces dernières années, des maladies dites « féminines » sont encore aujourd’hui déconsidérées et/ou non-diagnostiquées. Faute parfois de recherches cliniques réalisées.

Ainsi, nos actions pour lever le tabou des règles dès le collège avec  un guide, une exposition et des interventions dédiées, permettent de  pouvoir évoquer ses règles dès le plus jeune âge et de pouvoir traiter des douleurs et des maladies (comme l’endométriose) qui seront abordées sans gêne le cas échéant. Les autorisations spéciales d’absences (notamment pour congé menstruel, endométriose ou  fausse couche) expérimentées à la Métropole de Lyon, permettent aussi de mieux prendre en compte les spécificités de santé des femmes au travail.

Femmes et hommes ne sont en effet pas exposés aux mêmes risques pour leur santé. Leurs comportements en matière de santé diffèrent, tout  comme les maladies auxquelles ils sont confrontés. Il est donc important de continuer d’innover pour que toutes les femmes accèdent à  des soins et des expertises qui prennent en compte les spécificités de leur  santé. Ainsi que de rappeler et de garantir leurs droits médico-sociaux, sexuels et reproductifs.

C’est l’objet de la table ronde de ce soir. Je remercie à ce titre les  professionnelles de santé qui ont accepté d’y participer. Mais surtout qui contribuent à cette meilleure prise en charge des femmes dans leur  travail quotidien. J’aimerais également rappeler que c’est la mission des nombreux professionnels de santé et de travailleurs sociaux (majoritairement des travailleuses en réalité) qui œuvrent dans nos Maisons de la Métropole et dans nos Centres de Santé et d’Éducation Sexuelles. Je salue leur engagement et leur dévouement pour accompagner tout au long de l’année les habitantes et habitants du territoire. N’hésitez pas à consulter le site de la Métropole pour venir les rencontrer sur les  marchés où ils seront présents pendant ces Journées de l’Égalité dédiées à la santé des femmes. Ou bien quand vous le souhaitez dans les  lieux que je viens d’évoquer.

Avant de laisser la parole à nos intervenantes, je voulais enfin remercier toutes les équipes de la Métropole mobilisées pour organiser ces  évènements.

Je vous souhaite à toutes et tous une très bonne conférence.

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