le mardi 26 mars 2013.
Retrouvez l’intervention de Michèle Picard sur le rapport N° 1 : « Budget primitif 2013. Budget principal et budgets annexes »
A l’occasion du vote de ce budget, je voudrais adresser plusieurs messages à l’ensemble des Vénissians. Les finances publiques de notre commune sont bien gérées, elles sont saines et nous permettent de continuer la formidable marche en avant de notre ville. Je tiens aussi à leur dire que les taux de notre fiscalité locale n’augmenteront pas cette année encore, un signe fort pour aider et accompagner une population déjà touchée très durement par la crise.
Avec 32% d’habitants vivant sous le seuil de pauvreté, nous devons faire preuve de solidarité, et être à l’écoute d’hommes, de femmes et de familles fragilisés. C’est la raison pour laquelle notre budget ne cède en rien sur ses objectifs, et défend avec fermeté nos services publics de proximité, car notre population en a besoin, car notre population réclame leur présence dans l’ensemble des quartiers. Elle sait aussi apprécier le travail de nos services, et la proximité de nos agents, comme en témoigne la dernière enquête IPSOS avec près de 76% de Vénissians satisfaits de vivre à Vénissieux.
Enfin, je voudrais leur dire que leur ville est redevenue attractive, et là encore, c’est le résultat du combat politique que nous menons depuis des années. Cette attractivité n’est pas simplement immobilière, même si chaque projet développé par la ville est marqué par un intérêt, toujours croissant, des bailleurs et promoteurs, elle est aussi démographique : d’anciens habitants reviennent vivre à Vénissieux, de nombreuses et nouvelles familles viennent s’y installer. Nous avons inversé les courbes : nous gagnons désormais des habitants, alors qu’à une époque pas si lointaine, nous en perdions de façon préoccupante.
Nous en gagnons (on peut estimer en 2013 avoir atteint la barre des 62 000 habitants) car, aujourd’hui, Vénissieux dispose de nombreux atouts : son parc de logements sociaux, ses services publics de proximité, sa politique sociale, ses dispositifs en matière d’enfance et de petite enfance, sa dimension culturelle, ses équipements publics de pointe. Pour les familles, c’est cet ensemble qui compte énormément.
Cette spirale positive, le budget 2013 la défend et la renforce, en veillant à maîtriser nos dépenses de fonctionnement, à contrôler l’épargne nette et notre dette (moins de 1000 euros par habitant à Vénissieux, alors que la moyenne pour les communes de même strate est de 1213€/habitant), et en continuant d’investir dans des équipements modernes et rénovés, au service de tous les Vénissians. Vénissieux est lancé vers son avenir, elle a devant elle des projets structurants, elle se redessine à moyen et long terme, là où il y a peu, il fallait par la force des choses réagir dans l’urgence, et au coup par coup. Nous avons franchi un cap, c’est une évidence, nous devons maintenir nos efforts pour continuer d’avancer, pour franchir de nouveaux paliers, car nous savons tous ici d’où nous venons.
Ce budget 2013 est l’instrument pour construire une ville plus solidaire et plus agréable à vivre. C’est aussi un instrument d’alerte par rapport aux politiques d’austérité à tout crin imposées par Bruxelles, et relayées par les États membres. Depuis des années, les collectivités locales subissent de plein fouet les désengagements répétés et les baisses de dotations et subventions de l’État. Dans les médias, j’entends bien la campagne orchestrée sur le soi-disant gaspillage des finances publiques, dont, entre autres, des collectivités. C’est une façon assez éhontée d’instrumentalisé et fausser le débat, pour justifier, en somme, l’austérité. La réalité, c’est qu’il faut faire plus, toujours plus, avec de moins en moins de moyens. Car dans le même temps, les dépenses pour les collectivités s’additionnent, les compétences s’ajoutent sans être couvertes entièrement par les contreparties financières de l’État. C’est le cas pour la mise en place des réformes nationales, comme le nouvel aménagement des rythmes scolaires, les emplois d’avenir, mais aussi dans le cadre de la participation des collectivités, à l’application de normes européennes ou autres.
A juste titre, l’Association des Maires de France vient de faire part de ses très vives inquiétudes, après l’annonce, par le gouvernement de Jean-Marc Ayrault, de la réduction des concours financiers de l’État vers les collectivités, à hauteur de 4,5 milliards d’euros d’ici 2015 !
Une coupe drastique, brutale, deux fois plus élevée que ce qui était prévu par la loi de programmation budgétaire nationale votée à l’assemblée fin 2012. Croire que c’est sans conséquences pour les collectivités est un leurre. Je vais prendre l’exemple de Vénissieux : nos capacités d’investissement étaient il y a peu de 18 millions d’euros, elles sont aujourd’hui de 16 millions. Je vais citer également celles des départements, qui voient leurs capacités d’investissement réduites en moyenne de 3% par an, soit plus de deux milliards d’euros ! Il est clair que nous ne pourrons pas continuer ainsi longtemps. Alourdir les recettes fiscales, alors que le pouvoir d’achat ne cesse de s’effondrer ? Réduire nos services publics, alors que nos populations traversent une crise sans précédent ? Couper dans nos dépenses d’investissement, cela veut dire quoi concrètement : on abandonne des projets comme la reconstruction du CNI, on ne rénove plus nos établissements scolaires, nos crèches, on investit a minima, quitte à mettre en péril l’économie locale, l’emploi local et le développement de la ville ? Aucune de ces trois solutions n’est envisageable ni viable.
Quand on sait que les collectivités sont à l’origine de ¾ des investissements publics en France, on est en droit de dire que ces politiques « d’austérité pour l’austérité » vont nous mener droit dans le mur. Il faut sortir de ce bricolage incessant, et demander à l’État qu’il apporte des solutions de financements pérennes et durables, solidaires et équitables. En renforçant le rôle des communes, nous renforcerons la citoyenneté, la démocratie de proximité, c’est un enjeu considérable, à l’heure où les Français affichent une défiance accrue à l’égard des politiques. Ne faisons pas fausse route : la cohésion sociale de nos quartiers et l’aménagement partagé du territoire, dépendent de la place essentielle que les collectivités locales occupent au cœur du pacte républicain.