« Glières n’aurait pu être que le site de parachutage choisi par les Alliés en janvier 1944 pour armer les maquis de Haute-Savoie. S’il est devenu un fait d’armes héroïque témoignant de la résolution de la Résistance face à l’anti-France de Vichy et à l’occupant allemand, il le doit à l’état d’esprit exemplaire qui anima ses hommes.
Venus de toutes les régions de France, pour la plupart refusant de se soumettre au service du travail obligatoire en Allemagne, ces jeunes de 18 à 25 ans ont été accueillis et hébergés par les Haut-Savoyards, puis entraînés par les cadres du 27ème BCA porteurs de leurs compétences et de leurs traditions militaires. L’isolement, la faim, le froid, la solitude de la montagne et les périls grandissants scellèrent leur solidarité dans la vie et dans la mort.
Alphonse Métral, Résistant
Cette année 2014 est principalement dédiée à la commémoration du 70ème anniversaire du débarquement en Normandie et au centenaire de la guerre de 1914-1918. Aucun rappel sur la barbarie humaine n’est inutile ne serait-ce que parce que les générations passent et les suivantes doivent savoir.
Cette année est aussi l’occasion pour certains, d’exercer une réécriture de l’Histoire au nom d’une soi-disant objectivité. L’exemple typique en est l’auteur du livre : « Le Maquis de Glières. Mythe et réalité ». Tout au long de son récit, M. Barbier remet en cause ce haut lieu de la Résistance et revisite l’Histoire en l’instrumentalisant. Il élude le travail d’organisation des maquis en 1943, se focalise indument sur certains épisodes, ignore un certain nombre de faits avérés comme par exemple le rôle de la milice et son engagement, les crimes qu’elle a commis lors de la « Nuit bleue » du 23 novembre 1943, où le sang et la barbarie ont atteint leur paroxysme. Il va même jusqu’à reprendre le vocabulaire de Vichy lorsqu’il parle de « légende ». Autour de ce livre a débuté une fausse polémique. Il est consternant que certains épisodes historiques dans le périmètre des Glières soient remis en cause alors que ceux qui les ont dirigés et y ont participé sont morts.
Le témoignage des Glières est celui d’une Résistance vivante et forte. Premier département français s’étant libéré par lui-même, la Haute-Savoie restera à jamais le symbole de la Résistance à l’occupant étranger. Tous ceux qui ont donné leur vie dans ce combat, ont écrit l’Histoire de France en lettres de sang. Des hommes courageux se sont engagés pour défendre notre pays. Le 26 mars 1944, sur le plateau des Glières, plus d’une centaine d’entre eux ont été exécutés ou sont morts en déportation. Les Glières est un puissant symbole qui claque au vent de l’Histoire.
Je recommande la lecture du livre « Vivre libre ou mourir ; Plateau des Glières Haute-Savoie 1944 » réédité par l’association des Glières. Ce manuscrit que les rescapés ont rédigé en 1945 contient de précieux textes face à ce vent de scepticisme qui cible toute la Résistance. Cette œuvre collective renferme de précieux témoignages et des documents inestimables sauvés de la répression.
Je ne peux m’empêcher de repenser à Stéphane Hessel et son célèbre : « Indignez-vous ». Il s’était rendu au plateau des Glières en 2009 pour appeler à un retour aux valeurs issues de la Résistance. Lui, ne cherchait pas à travestir l’histoire mais à la transmettre.
Michèle PICARD
Maire de Vénissieux