30 ans du CERTA

« Le CERTA a été créé il y a 30 ans sous l’impulsion de la Ville de Vénissieux, et notamment d’André Gerin, qui était à l’époque conseiller municipal et conseiller régional… » « les missions du Certa sont essentielles pour la formation et les emplois de demain, pour toutes les actions de proximité qui permettent, aux uns et aux autres, de mettre ou remettre le pied à l’étrier… » « Nous sommes et nous serons toujours à vos côtés. »

Jeudi 16 mai 2013

Retrouvez l’intervention de Michèle PICARD, à l’occasion des 30 ans du Certa, le mercredi 15 mai 2013 .

Le CERTA a été créé il y a 30 ans sous l’impulsion de la Ville de Vénissieux, et notamment d’André Gerin, qui était à l’époque conseiller municipal et conseiller régional. Les objectifs étaient d’anticiper les difficultés des salariés insuffisamment qualifiés, et d’apporter les qualifications nécessaires aux personnes à la recherche d’un emploi. Le moins que l’on puisse dire, 30 ans après, c’est que la nécessité du Certa, et les missions qu’il remplit, restent plus que jamais d’actualité. Si l’on veut lutter avec force contre ce fléau qu’est le chômage, nous devons renforcer le triangle éducation-formation-emploi.

Il faut sortir des logiques libérales qui affaiblissent le droit du travail, qui précarisent quasiment tous les parcours professionnels et qui, au final, excluent du marché les hommes et les femmes, les jeunes et les plus de 55 ans, et mutilent nos territoires. A travers sa longue histoire, le Certa, qui a connu des moments difficiles, témoigne de l’attachement de notre ville, et de notre volonté d’en faire un acteur indispensable dans le domaine de la formation du public en insertion. Il est aussi le fruit d’une volonté partenariale avec la Région, le Département, le Pôle Emploi, mais aussi les structures d’insertion, les Missions locales.

Le Certa a su, au fil du temps, s’adapter aux besoins et aux mutations du monde professionnel. Des activités d’origine (pôle industriel, pôle accompagnement et pôle bureautique), le Certa s’est consacrée dès 2004 à la dimension d’insertion sociale, auprès d’un public jeunes et des demandeurs d’emploi. Aujourd’hui, la formation représente 70% du volume d’activité de la structure, avec une réelle diversification de la formation, en réponse à différents appels d’offre de la Région Rhône Alpes, auquel s’ajoutent les missions d’accompagnement et les actions de formation ponctuelle.

Vous le savez mieux que quiconque, le chômage atteint aujourd’hui un taux record, un pic jamais atteint depuis janvier 1997. En cumulant les catégories ABC, nous ne sommes pas loin des cinq millions de chômeurs en France. La crise frappe en premier lieu et très durement les villes populaires, les jeunes et les plus de 55 ans. Vénissieux compte 2 660 entreprises pour 30 000 emplois, mais malgré ce potentiel indéniable, le taux de chômage est de 27,4% de la population active. Dans certains quartiers, le taux de chômage des jeunes est tout simplement catastrophique, à hauteur de 40% ! Nous sommes face à une triple contradiction.

La première est de faire croire que l’industrie en France est sans avenir. C’est faux et archi-faux, et si la désindustrialisation de notre pays n’est pas enrayée de suite, si on laisse faire le capitalisme financier dans son entreprise de démolition du tissu industriel, nous allons droit dans le mur. Nos savoir-faire industriels sont essentiels, et je tiens à rappeler que c’est dans l’industrie que 17% des jeunes trouvent leur premier emploi.

La deuxième contradiction est d’avoir fragilisé les organismes de formation publique, en les mettant en concurrence pour ouvrir le secteur à l’appétit du privé. Les précédents gouvernements de droite portent une lourde responsabilité à ce sujet, et je connais les difficultés actuelles que traversent l’AFPA et le Certa, en termes d’appels d’offres lorsqu’ils se raréfient. On marche sur la tête ! Rendez-vous compte : ces dix dernières années, l’État a mis en péril les outils pour l’insertion et la formation, alors que jamais les besoins de la population n’ont été aussi grands et diversifiés. Pour les jeunes en général, et en particulier pour les jeunes en échec scolaire. Là encore, il est bon de rappeler quelques vérités : le taux de scolarisation des 15-19 ans est en baisse depuis 15 ans dans notre pays ! Au total, en 2011, 500.000 jeunes sans diplôme étaient ni en emploi, ni en formation.

Enfin, après 50 ans, les demandeurs d’emploi éprouvent d’énormes difficultés à se reconvertir. C’est dire si fragiliser la formation est une faute politique grave, qu’il faut corriger immédiatement, car on a ces dernières années, développé un accès inégalitaire aux formations sur l’ensemble du territoire, et créé les conditions d’un système de formation à deux vitesses : valorisante pour ceux qui, entre guillemets, en ont le moins besoin, et au rabais pour ceux pour lesquels c’est indispensable. François Hollande a annoncé un projet de loi sur la réforme de la formation professionnelle, d’ici fin 2013.

Je crois que l’heure de créer un véritable pôle public de formation professionnelle a sonné, ici en France, en créant des partenariats efficaces entre l’État, les collectivités territoriales, Pôle Emploi et les entreprises.

Enfin, dernière contradiction du marché du travail, mais pas des moindres : instaurer la précarité à l’ensemble des salariés, alors qu’on a besoin au contraire de sécuriser les parcours professionnels ! Les dernières lois adoptées ces dix dernières années, et j’intègre à cet ensemble celle que le gouvernement de Jean-Marc Ayrault vient d’instaurer, ne cessent de ronger les droits des salariés et de miner le code du travail. La règle, ce n’est pas le CDD ou l’intérim, la règle c’est le CDI.

La règle, c’est de construire, grâce aussi à la formation et l’insertion, un droit à un parcours personnalisé, c’est de confirmer le droit à la formation professionnelle dans l’entreprise ou l’administration. La règle, c’est d’introduire l’insertion dans les négociations annuelles obligatoires, dans les négociations nationales interprofessionnelles, et dans le dialogue social territorial. Voilà ce vers quoi nous devons aller. L’urgence sociale est là, et l’heure est grave, pour notre jeunesse et pour le monde du travail en général, il nous faut donc agir ensemble.

Je le dis et je le répète : les missions du Certa sont essentielles pour la formation et les emplois de demain, pour toutes les actions de proximité qui permettent, aux uns et aux autres, de mettre ou remettre le pied à l’étrier.

A la rentrée prochaine, le Certa accueillera une nouvelle unité de formation des apprentis (formations industrielles, mécanique), en lien avec la Métallurgie Rhodanienne, et je tiens à saluer le travail mené par son président Monsieur Mougniotte, son directeur Monsieur Aubert et l’ensemble du personnel.

Sachez en tout cas que sur le terrain de l’emploi, de la formation, de l’accompagnement professionnel, de l’insertion des jeunes et de la défense de nos savoir-faire industriels, la ville de Vénissieux partage vos objectifs et vos combats. Nous sommes et nous serons toujours à vos côtés.

Je vous remercie.

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