90 ans de gestion municipale progressiste

Il faut prendre la mesure des combats passés pour mener ceux d’aujourd’hui et de demain.

Michèle PICARD, Maire de Vénissieux, Vice-présidente de la Métropole de Lyon, a participé à l’évènement des 90 ans de gestion municipale progressiste de la Ville de Vénissieux. Depuis 90 ans, des combats menés et un communisme municipal au service des habitants.

Je tiens à excuser André Gérin qui n’a pas pu se libérer ce soir, mais qui nous rejoindra demain, à l’occasion des 90 ans de notre Maison du Peuple.

Il faut savoir, par moments, figer le temps, l’arrêter dans sa course pour regarder derrière nous et mieux comprendre de quoi est fait notre présent.

Prendre la mesure des combats passés pour mener ceux d’aujourd’hui et de demain.

Il y a 90 ans, Ennemond Romand devenait le premier maire communiste de Vénissieux, faisant face, déjà, à la montée du fascisme et de l’extrême droite. Emprisonné à la prison de Saint-Paul par le régime de Vichy, il ne verra pas la France à laquelle il aspirait, celle de la libération et des grands acquis du Conseil National de la Résistance.

Ceux qui ont façonné notre modèle social, de solidarité, de justice sociale, de combats contre les inégalités et la pauvreté.

Notre communisme municipal y a plongé ses racines. Cet esprit-là est celui qui anime la gestion municipale de Vénissieux depuis maintenant 90 ans. Il n’y a pas de longévité sans réciprocité, pas de longévité sans contrat de confiance.

Ce sont donc les Vénissians, les habitants qui ont, à travers les générations, choisi les maires communistes et toutes les équipes municipales qui se sont succédé.

Notre maison commune qui s’appelle Vénissieux a été construite par toutes les forces de gauche, par toutes les forces progressistes et par la citoyenneté de tous les habitants.

Aujourd’hui comme hier, l’union de la gauche fait notre force, elle détermine aussi, dans la diversité de ses sensibilités, le cap à tenir : l’humain et l’intérêt général encore et toujours, au centre de toutes nos politiques publiques de proximité.

Notre ciment, nos fondations depuis 90 ans, c’est servir Vénissieux et non pas s’en servir, c’est se battre pour les habitants, pour nos aînés, notre jeunesse, nos enfants, pour la place de notre ville dans l’agglomération lyonnaise.

Ici à Vénissieux, nous savons que rien ne nous sera donné, qu’il faut aller chercher les choses, bousculer l’ordre établi, qu’il faut engager le combat, se retrousser les manches.

Bien sûr, l’histoire de notre ville retient les noms de ses maires, Ennemond Romand, Louis Dupic, Marcel Houël, André Gerin, moi-même et notre majorité actuelle, mais je crois surtout que les individus, les équipes, tous les hommes et toutes les femmes qui se sont engagés dans le combat politique pour le progrès social depuis 90 ans à Vénissieux, ont su qu’ils participaient à une histoire supérieure au parcours de chacun.

Il y a tant de combats à mener, pour la petite enfance, l’éducation, pour la culture populaire, le sport pour tous et la santé.

Tant de batailles à gagner pour la solidarité, pour la dignité en matière de logement, pour l’amélioration du cadre de vie de tous les Vénissians, pour la sécurité et la continuité territoriale à travers la rénovation urbaine et un urbanisme à taille humaine.

Tant d’engagements à prendre pour l’emploi, pour nos savoir-faire industriels, pour le monde du travail et pour la défense de nos services publics.

Enfin, tant de pédagogie à mettre en œuvre pour la démocratie de proximité, pour le respect de l’autre et de la différence, dans le cadre de notre pacte républicain et laïc.

Le mot combat est-il le fil conducteur de ces 90 années de gestion municipale communiste et progressiste ?

Oui, c’est possible, mais il n’est pas le seul, il y a aussi l’humilité, le travail sans relâche de toutes les équipes municipales à l’écoute des Vénissians et l’abnégation, la détermination, la volonté de faire bouger les choses.

Solidarité-combat-humilité-travail-abnégation-détermination : voilà des traits de caractère dans lesquels toutes les équipes municipales peuvent se reconnaître.

Chaque composante de notre majorité communiste et progressiste a ainsi apporté une pierre à l’édifice et contribué à ce que Vénissieux reste ce qu’elle a toujours été : une ville populaire et solidaire, fière de ses racines agricoles, ouvrières, syndicales, fière de l’apport des différentes immigrations qui ont enrichi notre culture et ouvert notre regard vers un monde plus grand.

Organisée par thématiques, l’exposition illustre une continuité et une résonance de nos politiques publiques à travers ces 90 années. Les combats, les priorités, les crises traversées ne sont pas les mêmes mais il y a des échos, des rimes, qui relient nos actions les unes aux autres.

On peut parler d’un legs, d’un héritage, d’une circulation de nos politiques entre les différentes périodes et les générations. Notre Médiathèque, Bizarre, les Ateliers d’arts plastiques, notre cinéma et école de musique ne sont-ils pas les petits-enfants de la Maison du Peuple inaugurée en 1934 ?

Car ce qui circule de l’un à l’autre, c’est l’émancipation, la curiosité, une culture pour tous et non de l’entre soi.

Notre label national « Ville active et sportive » ne découle-t-il pas de la naissance de l’Office Municipal du Sport en 1963 ?

L’ouverture d’un dispensaire à la Maison du Peuple dès 1935 ne préfigure-t-elle pas l’ensemble de nos politiques en matière de santé élaborées depuis 90 ans, de la Polyclinique des Minguettes à nos ateliers santé ville, de la prévention des addictions à notre Forum Santé.

Il a fallu se battre pour la polyclinique des Minguettes, pour la Roseraie, se battre pour que les Vénissians aient accès à la santé avec notamment l’implantation de l’Hôpital des Portes du Sud en 2008.

Notre mobilisation, il y a deux ans à peine, pour le maintien de toutes les activités médicales du même hôpital ne fait-il pas écho aux combats menés lors des décennies précédentes ?

1945, création de l’œuvre des restaurants d’enfants. 2019, la nouvelle cuisine centrale est inaugurée. Aujourd’hui, elle produit 762 445 repas qui ont bénéficié aux 6 048 enfants inscrits au service municipal de restauration, avec 34,6% de produits bio.

Là encore, à travers le temps, s’inscrit la volonté de garder des enjeux aussi cruciaux que l’alimentation et la santé dans le giron du service public.

A l’œuvre des colonies de vacances de Vénissieux, créée en 1951 et auquel succédera l’APASEV en 1982-1983, répond le Conseil Municipal Enfants, créé en 2012.

En 1966, Vénissieux n’a-t-elle pas été la première ville en France à avoir mis en place le service municipal de l’enfance ? N’avons-nous pas créé les Conseils de quartier à Vénissieux en 1989, soit 13 ans avant que la loi ne l’impose.

Pour peser sur l’attribution des logements et répondre à la demande des familles, la majorité de Louis Dupic décide, dès 49, la création d’un office municipal d’HBM, auquel le ministère s’opposera pour maintenir une réserve de terrains industriels bon marché.

En 1960, la Sacoviv voit le jour. Elle continue aujourd’hui de répondre aux besoins de logement des familles les plus modestes.

Combat pour le droit à l’emploi, combat pour garder nos savoir-faire, combat pour les jeunes sans activités professionnelles : de Berliet à Véninov, Bosch, l’AFPA, le Certa, toutes nos mobilisations ne débouchent pas sur une victoire, mais elles illustrent notre attachement à l’industrie car il en va de l’avenir des jeunes générations, mais aussi de l’attractivité de notre territoire.

Jamais personne n’a lâché sur ce terrain-là, dans cette rude bataille pour le monde du travail et l’outil de production.

Avec Marcel Houël, André Gerin et notre équipe municipale, la rénovation urbaine a transformé et continue de transformer le Plateau des Minguettes, sans repousser les habitants en 3ème couronne et en améliorant les mobilités avec la ligne T4, les logements et le cadre de vie.

Le travail de désenclavement se poursuit, tout comme notre combat contre les fractures et ségrégations territoriales. Renforcé par le nouveau quartier Puisoz-Grand Parilly, Vénissieux n’est plus à la périphérie de l’agglomération lyonnaise, elle est devenue la véritable porte d’entrée Sud de la Métropole en l’espace de 30 ans.

Sans vanité aucune, je n’ai pas peur de dire que nos politiques de développement urbain et social à Vénissieux ont été observées de près à l’échelle nationale et souvent citées comme une référence, un exemple à suivre.

Toutes les équipes municipales qui se sont succédé ont essuyé et fait face à des crises profondes.

N’oublions pas les bombardements de la seconde guerre mondiale bien sûr et la terrible répression du régime de Vichy, mais le choc pétrolier de 73 marque une vraie rupture.

Chômage de masse, logements vacants, copropriétés en difficulté, sentiment d’abandon de la part de l’Etat : lieu du premier accès à la modernité et au confort dans les années 60, les barres et HLM deviennent peu à peu le lieu de la détresse sociale et du désarroi.

Dominique Perrault, architecte de notre belle médiathèque Lucie Aubrac, l’a très bien résumé : « Le problème des grands ensembles n’est pas de les avoir construits, mais de les avoir abandonnés ! Pendant 15 ans, la France avait bonne conscience parce qu’on avait logé les gens, mais personne n’a parlé d’habiter ! »

Dans les villes populaires, les crises ne sont pas de passage, elles s’enkystent, s’agrègent. Et on mesure mieux l’échelle du temps politique nécessaire pour en sortir. C’est par la solidarité et l’union de tous les Vénissians, en faisant bloc et en s’entraidant, que notre ville a traversé les épreuves.

La pandémie du Covid 19 a révélé une nouvelle fois combien les habitants savent se mobiliser et faire preuve d’altruisme quand les temps sont durs.

Aujourd’hui, nous devons répondre à d’autres défis importants. Le populisme et l’extrême droite sont aux portes du pouvoir en France.

La violence exacerbée, sans retenue, les incivilités en constante progression depuis la crise du Covid, gangrènent notre société sur l’ensemble du territoire national. De la création du TOP au CSU, de l’installation des caméras de vidéo protection et de verbalisation aux politiques pénales de proximité, nous ne baisserons jamais les bras en la matière.

Sous l’effet des politiques libérales mortifères, la précarité et la pauvreté touchent de plus en plus de familles, les liens sociaux se disloquent, les inégalités se creusent.

Le réchauffement climatique nécessite de repenser la ville, tout comme le vieillissement de la population.

Les droits des femmes, en écho à Marguerite Carlet, 1ère adjointe dès 1945, mobilisent nos politiques publiques de proximité.

Pourtant, les communes subissent de plein fouet les contraintes budgétaires imposées sans discernement par l’Etat. Il s’agit d’étouffer les finances locales, et de limiter ainsi leurs choix, leurs singularités, de verrouiller l’autonomie de leurs politiques de proximité.

L’exposition montre à quel point la solidarité et l’union des forces de gauche ont permis à notre ville et à ses habitants de traverser de sérieuses tempêtes.

Bien sûr, tout n’a pas été réussi à 100% au cours de ces 90 ans, loin de nous toute tentation d’autosatisfaction, mais on mesure mieux les mutations, le cheminement et les avancées remarquables de Vénissieux.

Notre histoire est celle des habitants, écrite au fil des générations et des équipes municipales, une histoire de transmision, de principes, de valeurs, de combats politiques, d’une solidarité inaliénable.

Nous savons d’où nous venons, et nous savons où nous voulons aller, par et pour les Vénissians.

Je vous remercie et vous souhaite une bonne exposition, avec l’accompagnement musical et festif de Traction Avant.

Merci à tous.

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