Intervention de Michèle PICARD, Maire de Vénissieux, Vice-présidente de la Métropole de Lyon, à l’occasion des 10 ans du Centre Nautique Intercommunal Lyon / Saint-Fons / Vénissieux.
Tout élu local est fier de ses habitants, de sa ville, fier de construire avec eux une ville plus solidaire, d’améliorer le cadre de vie et de dessiner, toujours avec eux, la ville de demain.
Mais être maire, du moins est-ce comme ça que je le conçois, c’est aussi porter et incarner un passé commun, ce que tous les Vénissians ont vécu ensemble génération après génération.
Lorsque j’ai appris l’incendie volontaire du CNI le 28 novembre 2010 et l’ampleur des dégâts, mon émotion a été vive, la blessure profonde.
Plus que la destruction de l’équipement en lui-même, déjà terrible à vivre, c’est tous les moments de bonheur, que les familles avaient connus dans l’ancien CNI depuis 1970, qui étaient réduits en cendres.
L’enfant qui y a appris à nager, les scolaires qui se jettent dans le grand bain, les nageurs sportifs et les pratiquants amateurs, la vie des clubs, les rires, les sourires, les mois d’été, ce sont toutes ces histoires qu’un acte de vandalisme avait effacées.
On oublie souvent à quel point un équipement public sportif, culturel ou autre, est un lieu qui concentre les souvenirs, à quel point il suscite un attachement réel à une géographie de la ville et de nos vies.
Il fait partie du quartier, de notre quotidien, ainsi il en constitue une représentation rassurante, un repère dans l’espace et dans le temps.
Alors oui, au lendemain de l’incendie, j’ai ressenti énormément de tristesse, une forme d’abattement et de sidération, mais aussi une colère et une énergie positives, et très vite, l’envie de redonner vie au CNI, pour les habitants, les enfants, les familles, les clubs et pratiquants.
Je me souviens très bien de l’émotion sincère des habitants, sous le choc, de leurs mots de réconfort, mais aussi de la mobilisation des vénissians, sainfoniards, lyonnais, lors du rassemblement citoyen du 2 décembre 2010.
Ils exprimaient une empathie sincère face à un acte criminel qui les avait privés d’un équipement auquel ils tenaient. On les avait blessés, on les avait pénalisés aussi. Par stupidité, vandalisme ou malveillance, les auteurs de l’incendie ont mis à terre un équipement d’intérêt général, nous le remettrons debout, plus moderne, plus efficient, encore plus utile et plus ouvert aux habitants.
Voilà ce à quoi nos trois villes, Vénissieux, Lyon et Saint-Fons, ont œuvré: sortir par le haut d’un drame et d’une profonde injustice.
La reconstruction en lieu et place de la destruction, le vivre ensemble à la place de la désolation.
La décision de reconstruire le centre au même endroit a été très rapide. Le CNI était l’un des plus gros équipements nautiques de l’agglomération. La concertation entre nos trois villes a été rondement menée en nous répartissant mutuellement le travail.
Il a fallu sécuriser les lieux, trouver des solutions de reclassement pour le personnel, s’organiser pour maintenir les activités des clubs, et investir presque 22 millions d’euros pour que le centre nautique retrouve vie. Ce fut un travail de longue haleine, complexe, un travail d’équipes entre les services des trois villes.
Je me souviens de la volonté de tous, et ici à Vénissieux de notre adjoint au sport, Andrée Loscos.
C’est plus qu’une cure de jouvence dont a bénéficié le CNI, ce sont les activités nautiques qui ont été repensées à travers différents espaces.
Bassin de 50 mètres homologué, bassin d’initiation, bassin de balnéothérapie, pataugeoire pour l’espace aquatique intérieur, auquel se greffent l’espace extérieur avec un parc de 15000m2, le sauna-hammam et une salle de fitness.
Il y a eu une réelle fierté à porter ce projet ambitieux car il venait réparer un vrai préjudice, une profonde injustice pour les habitants, et il redonnait à toutes les générations un équipement de grande qualité.
Alors oui, nous sommes bien sortis de cette épreuve par le haut et pour le bien commun ! Aujourd’hui le CNI compte 340 jours d’ouverture par an pour 3400 heures d’ouverture tout public confondu.
90 000 entrées par an pour les associations et clubs sportifs ; 8000 écoliers accueillis, ce qui représente environ 90 000 entrées par an ; 27 000 entrées pour les activités de fitness et de natation encadrées par le CNI ; enfin 90 000 entrées grand public chaque année. Les activités sont multiples : aquagym, aquabike, bébés et premières bulles, stages de natation, cours collectifs, etc.
Cette vitalité actuelle de l’équipement sportif, elle s’est construite malgré les crises et je n’oublie pas celle du Covid qui a contraint le CNI à des fermetures temporaires lors des confinements. Après la crise sanitaire, il a fallu retrouver le public et de nombreux adhérents qui s’étaient tournés vers d’autres disciplines comme la marche nordique par exemple.
Aujourd’hui, le Centre Nautique a renoué avec sa fréquentation initiale.
Cet équipement dont nous célébrons les dix ans d’une seconde vie occupe une place à part dans l’histoire du sport à Vénissieux.
A la fin des années 60, les maires des trois villes de l’époque, Marcel Houël, Louis Pradel et Franck Sérusclat, visitent une piscine réalisée par l’architecte Roger Taillibert, auteur ultérieurement de réalisations comme le Parc des Princes et le stade olympique de Montréal. De familles politiques différentes, nos trois villes s’associent pour porter le projet d’une piscine intercommunale, à une époque où ce type de coopération était rare.
La démarche s’inscrit dans le dossier de candidature de Lyon pour les JO de 1968. La candidature échouera mais pas la piscine intercommunale confiée à l’architecte de renommée Roger Taillibert. Cet équipement sous chapiteau est une vraie originalité, et plus de 1500 enfants des écoles y apprennent à nager dès son ouverture en 1970.
Le CNI sera par ailleurs le premier équipement collectif en France à être doté de vestiaires et de sanitaires accessibles aux personnes en situation de handicap.
C’est aussi cette histoire, entre passé et présent, que la réouverture du CNI en 2015 a portée haut et fort, symbole d’un sport pour tous toujours plus démocratique.
Je vous remercie.